Hier et dimanche dernier, 730 logements ont été distribués à Chatt, dans la daïra de Ben Mhidi, une localité proche de l'aéroport de Annaba, qui s'étire, parallèlement au rivage, sur 5 km le long de la RN84A. Une opération de relogement effectuée dans le cadre de la résorption de l'habitat précaire (RHP). Cette commune est en passe de battre le record d'El Tarf dans la réalisation des logements, toutes catégories confondues. La wilaya compte aujourd'hui 460 000 habitants et son parc logement était au 31 décembre 2016 de 109 549 unités. Ce qui donne un taux d'occupation de 4,2 habitants par logement. Il était de 6,2 il y a quelques années. On tient à préciser «avant les plans quinquennaux», c'est-à-dire avant 1999, pour bien marquer que c'est durant les mandats de Bouteflika. Depuis cette date, un peu plus de 60 000 logements ont été réalisés à El Tarf, dont 26 000 dans la formule dite maintenant du logement public locatif (LPL), ex-logement social, et 26 000 unités, dans le programme de l'habitat rural. Les formules du logement social participatif (LSP), devenu en 2015 logement promotionnel aidé (LPA), l'AADL, le logement promotionnel public (LPP), et la promotion libre se partagent le reste, avec respectivement 2932 unités (2005-2014), 1090 U, 2700 U, 1500 U et 1900 unités. Et il reste du monde à contenter, puisque les besoins sont estimés à près de 40 000 logements, répartis entre 16 000, pour le LPL (social), et 24 000 pour le rural, soit les deux tiers de ce qui a été réalisé en 18 ans. C'est dire l'effort encore à soutenir dans une conjoncture économique défavorable, même si, rassure Mme Mirèche Ouahiba, directrice du logement, l'enveloppe est passée de 7,6 milliards de dinars en 2015 à 8,9 MDA en 2016, soit une hausse de 17%. Une partie des quotas n'a pas été encore distribuée pour des raisons d'agenda. Une distribution qui se fait au «goutte-à-goutte» par la crainte que suscitent les publications des listes de bénéficiaires et les réactions violentes qui les suivent généralement. On attend 7000 unités en 2017, 4500 en habitat rural, une cinquantaine dans le LPP et le reste dans le social. Faire appel aux entreprises étrangères L'OPGI, l'entreprise publique en charge du programme de réalisation, croule sous les créances : 80 milliards de centimes et c'est l'une des ardoises les plus faibles du pays. L'Office espère que la cession des logements au profit de leurs locataires réels, c'est-à-dire ceux qui ont payé un pas-de-porte et sous-loué, va réduire ce phénomène. Les concernés ont jusqu'à la fin de cette année pour régulariser leur situation. «Nous n'avons pas d'entreprises locales dignes de ce nom», explique encore la responsable du secteur, en précisant «qu'il a fallu apurer et régulariser des dizaines de marchés et contrats mal engagés». 70 % des ETP relèvent du secteur privé et manquent cruellement de compétences, auxquelles il faut ajouter celles des bureaux d'études. A El Tarf, il n'y a qu'une seule entreprise algérienne de rang n°2. Il a fallu faire appel aux entreprises étrangères chinoises et indiennes pour faire avancer les programmes des plans quinquennaux en souffrance. Cette avalanche de chiffres fournis lors d'un point de presse qui a réuni autour de la directrice du logement de la wilaya, le directeur de la Caisse nationale du logement (CNL), le directeur de l'OPGI, celui du CTC (contrôle technique), et de l'ENPI (ex-EPLF) n'ont pas pu répondre à la question de savoir comment pour une wilaya où 50 % de la population est citadine, il y a encore une aussi forte demande en habitat rural, 25 000 unités, soit la moitié de ce qui a été réalisé en 20 ans ? Y aurait-il des résidences secondaires dans les campagnes comme celles qui sont implantées sans discernement et qui ruinent les fabuleux paysages sur lesquels on fonde de grands espoirs pour le développement du tourisme nature?