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La grande fête du sport
Publié dans El Watan le 18 - 05 - 2017

Je ne suis pas bien préparé physiquement, mais je vais quand même essayer de finir cette course», lâche-t-il entre deux respirations saccadées. C'est un homme autour de la quarantaine, qui a visiblement pris un coup de chaleur, sous un ciel de feu, dans l'interminable plateau d'Ivourassen, alors que l'on vient de franchir le 10e kilomètre, qui s'exprime ainsi.
Il offre généreusement sa bouteille d'eau aux deux coureurs qui l'encadrent et qui font un petit bout de parcours avec lui et se laisse aller à la confidence : «Vous savez, ce semi-marathon, je ne le fais pas pour moi, mais pour une amie qui vient d'avoir un accident de circulation dans lequel elle a perdu sa jambe. Je lui ai promis de courir pour elle et de lui ramener le maillot.» On ne peut que saluer la noblesse du geste, surtout qu'il vient du capitaine Bakri, de la caserne des sapeurs-pompiers de Béjaïa.
C'est une petite anecdote, mais l'une de ses belles histoires qui illustre le mieux ce sens du courage, de l'abnégation, cette générosité dans l'effort et cet élan du don de soi qui résume l'esprit du coureur de fond et du marathonien. On court pour soi, mais on peut aussi courir pour les autres. Courir sous une chaleur accablante peut être pénible, mais la marée humaine vous porte comme une vague en vous communiquant son énergie.
Ce vendredi 12 mai, la fête des amoureux des grandes foulées a tenu toutes ses promesses. En fait, il pouvait difficilement en être autrement. Prenez une belle ville, dont les pieds plongent dans la Méditerranée et les racines dans l'histoire. Une ville aussi médiévale que moderne, chaleureuse et cultivée, tolérante et ouverte sur le monde. Bref, prenez Béjaïa. Ajoutez une passion pour le sport et la course de fond.
Saupoudrez avec un sens inné de l'hospitalité et de l'organisation, puis versez-y près de 6000 joyeux marathoniens, hommes et femmes de tout âge. D'un bout à l'autre du parcours, vous aurez ainsi la plus belle manifestation de rue jamais organisée en Algérie. Joyeuse, colorée, vive, plurielle et riche en émotions. C'est la douzième édition du semi-marathon international de Béjaïa et elle a été une réussite éclatante. Un moment de grâce et de communion.
Le peuple des lièvres et des tortues
Derrière cette belle réussite se cache une association qui fonctionne comme une entreprise guidée par la rigueur et surtout le professionnalisme : l'Athletic Mediterranean Club de Béjaïa (AMCB). Pour cet événement, il a fallu mobiliser plus de 700 jeunes, tous payés à raison de 1000 à 2000 dinars par jour. Un budget de près de 4 milliards de centimes et beaucoup de bonne volonté. L'événement, qui se tient en une seule journée, requiert une année complète de préparation et de travail.
A huit heures, c'est la course des scolaires qui est lancée tambour battant. Des milliers de gamins qui s'élancent en une joyeuse débandade sur le bitume. Pendant ce temps, «les grands» s'échauffent les muscles, courant dans tous les sens, ou bien faisant moult contorsions et étirements. Toujours dans la joie et la bonne humeur, comme des écoliers qui s'apprêtent à sortir en vacances. Loin des scènes de guérilla urbaine propres aux joutes footballistiques, le peuple des coureurs est d'un naturel pacifique.
Il se partage en lièvres soucieux de leur chrono et en tortues, dont le seul souci est de franchir la ligne d'arrivée. Les deux catégories vivent pleinement leur passion. Le peuple des coureurs n'est pas fainéant : il court deux à trois fois par semaine, fait attention à son alimentation et possède, en général, une bonne hygiène de vie. «C'est une drogue douce», répond avec le sourire Kamel, pharmacien de son état, quand on l'interroge sur cette passion qu'il assouvit deux à trois fois par semaine.
Course à pied, médicament gratuit
Rencontré sur la ligne d'arrivée, Mahfoud Dahmani, le visage orné d'un joli collier de barbe blanche, en est à son 4e marathon ces dernières semaines. Il a fait Blida, Saïda, Tizi Ouzou et il vient de terminer Béjaïa avec un chrono de 1h48. Quand on le félicite pour cet excellent temps, il lance : «Aujourd'hui, j'ai couru plutôt lentement à cause d'une douleur au pied.»
Mahfoud est membre d'un club qui s'est donné pour nom «Les amis de la course à pied sur route» et qui regroupe près de 300 membres. Pour cette édition, il a fallu louer deux bus pour transporter les 70 inscrits à la course qui devaient rallier la capitale hammadite. «La volonté et la montagne, voilà notre secret. Et puis, la course à pied c'est un médicament gratuit», ajoute son compagnon.
«Ce semi-marathon, c'est comme si je venais de passer entre les mains de 5 ou 6 médecins spécialistes», rigole Mahfoud, le jeune homme de 67 ans. Qu'il soit lièvre ou tortue, le peuple des coureurs vit en communautés qui peuvent contenir des centaines de membres. Hersous Adel est venu de Aïn Touta, à Batna. Avec 60 athlètes de 18 à plus de 80 ans, c'est lui-même qui les entraîne 3 à 5 fois par semaine au sein du Rayane Athletics de Aïn Touta.
Une paire de chaussures et un peu de bonne volonté
En attendant, la marée humaine qui avait pris le départ au stade Benallouache s'est étirée sur des kilomètres. Chacun son rythme. Tout le monde n'est pas Mbishei Titus Kipjum, la fusée kényane qui va remporter la course avec un chrono de 1 h 02 mn et 46s et qu'on a à peine le temps d'apercevoir. Le bon coureur doit gérer ses efforts et surtout son rythme. Il doit également garder un œil sur ses temps de passage. Par exemple au 5e, au 10e et au 15e car le coureur de fond est comme un pilote automobile, il doit veiller à ce que son plein de carburant le mène à bon port.
La chaleur en cette 12e édition est telle que les stands de ravitaillement tournent à plein régime. Tous les coureurs veillent à bien s'hydrater et à s'éponger. «Lorsque nous avons lancé le semi-marathon il y a douze ans, nous ne pensions pas arriver à ce niveau. Notre objectif était surtout de lutter contre la sédentarité et toutes les maladies qu'elle engendre», explique Mohamed Lâaroug, vice-président de l'AMCB. «Aujourd'hui, le semi-marathon se veut une course populaire qui regroupe le médecin, l'ouvrier, le policier, le pompier, l'enseignant, l'étudiant, etc.
Courir est la base de tous les sports», ajoute cet ancien marathonien, aujourd'hui versé dans la gestion de cet événement majeur. «L'Etat doit investir sur nous. Il faut nous aider financièrement à faire la promotion du semi-marathon de Béjaïa à l'étranger, comme le font les autres pays avec leurs manifestations sportives. Nos voisins marocains possèdent 5 ou 6 grandes courses internationales», plaide-t-il.
Les autorités publiques gagneraient également beaucoup à encourager ce genre de manifestations sportives. Elles créent de l'animation et contribuent à vulgariser la pratique sportive. Dans un pays gagné par les maladies chroniques liées à la surconsommation de sucre et des mauvaises graisses, c'est un acte de salubrité publique que de promouvoir les bonnes habitudes d'une pratique sportive régulière et d'une alimentation.
Courir ne demande pas grand-chose. Il suffit d'une paire de chaussures et d'un peu de bonne volonté. Pour Mohamed Lâaroug, le tourisme sportif ne doit pas être négligé, car c'est une façon intelligente de promouvoir la destination Algérie. Le touriste sportif qui vient courir dans une ville exotique dépense autant qu'un touriste en goguette. Le seul dossard pour le semi-marathon d'Athènes coûte 100 euros. A raison de 5 ou 6000 coureurs qui participent, faites le calcul.
Rentrer dans le top 10 mondial
Aujourd'hui, l'objectif déclaré du semi-marathon de Béjaïa est de rentrer dans le Top 10 mondial des semi- marathons qui se courent dans le monde. «Il nous fallait du plat pour faire du record. C'est l'une des raisons qui nous a poussés à changer d'itinéraire», explique Mohamed Laaroug. L'inconvénient avec le nouveau circuit est qu'il sort du centre-ville, chose qui faisait son charme, car il y avait une osmose entre les coureurs et les habitants très nombreux à les encourager.
«Pour l'édition prochaine, nous allons nous concerter avec les spécialistes et les autorités afin de tracer un nouvel itinéraire qui réponde à tous les désirs et à toues les normes», dit-il. Cependant, le point noir de cette édition a été d'autoriser la circulation automobile sur une partie du circuit à l'aller avant la fin de la course.
Ainsi, l'image de ces deux coureurs âgés derrière lesquels s'impatientaient des centaines de véhicules est indigne d'un semi-marathon de classe internationale. Courir en respirant les gaz d'échappement des voitures non plus. «Mon rêve est de lancer un semi-marathon international à l'Est, à l'ouest et au Sud de l'Algérie. Avec la même stratégie que celui de Béjaïa. Nous avons tellement d'atouts en matière de sites touristiques, de patrimoine culturel que ce serait dommage de ne pas le faire.
Nous avons fait une demande au ministre en ce sens et nous attendons d'être reçus», dit-il. L'ambition des responsables de l'AMCB est d'implanter dans les autres régions du pays le modèle qu'ils ont réussi à mettre en place à Béjaïa. Pourquoi pas ? Le semi-marathon de Béjaïa est l'une des rares manifestations colorées, vivantes, joyeuses, qui replacent l'Algérie dans le monde moderne, loin des images mortifères qu'offre le vendredi national. Et ce serait bien qu'il fasse des petits…


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