Pour rester ouvert, le bureau de l'OLP a besoin d'une autorisation renouvelable tous les 6 mois. Cette fois l'autorisation a été refusée, ce qui a scandalisé les Palestiniens. Le secrétaire général de l'OLP, Saeb Erekat, a confirmé, dans la nuit de samedi à dimanche, que le gouvernement palestinien avait reçu une lettre de l'administration américaine l'informant de sa décision de «ne pas renouveler l'autorisation permettant l'ouverture du bureau de l'OLP à Washington». Les raisons invoquées par Washington pour expliquer sa décision sont liées à l'admission de l'Etat de Palestine à la Cour pénale internationale (CPI) (non reconnue par les Etats-Unis et Israël), à la demande palestinienne adressée à la CPI d'entamer une enquête sur les crimes de guerre israéliens, dont la colonisation, la situation des prisonniers, les réalités endurées par les Palestiniens sur le terrain et l'agression israélienne contre la bande de Ghaza. «Nous avons répondu à l'administration américaine par une lettre écrite dans laquelle nous avons dit qu'en cas de fermeture du bureau de l'OLP à Washington, nous gèlerons toute forme de contact avec l'administration américaine jusqu'à sa réouverture», a souligné le responsable palestinien. M. Erekat a rappelé que cette décision unique arrive au moment où le gouvernement israélien de Benyamin Netanyahu démolit des maisons palestiniennes à Djebel Al Baba (dans la région d'El Qods), des maisons dans la vallée du Jourdain et menace d'en démolir d'autres à Kafr Okab (un quartier palestinien entre El Qods et Ramallah, en Cisjordanie occupée). Une manière de dire que Washington continue à couvrir les crimes israéliens. Pour Saeb Erekat, «ce gouvernement (celui de Netanyahu) est récompensé pour ses crimes, alors que les Palestiniens sont punis». «Nous rejetons totalement cette situation qui entrave le processus de paix», a-t-il martelé. De son côté, la Présidence palestinienne a exprimé son profond étonnement vis-à-vis de la mesure américaine, «alors que les multiples rencontres du président Mahmoud Abbas avec le président américain Donald Trump avaient été marquées par une entente totale sur les pas nécessaires à réaliser pour créer une atmosphère permettant la reprise du processus de paix». Le porte-parole de la Présidence palestinienne, Nabil Abou Roudeina, a critiqué pour sa part la duplicité de la Maison-Blanche. Il a souligné à ce propos que l'administration américaine n'a présenté jusqu'à ce jour aucune idée de nature à débloquer la situation ou à relancer le processus de paix, ce qui lui fait perdre sa capacité d'être un intermédiaire crédible. «Cette mesure qui vise à fermer le bureau de l'OLP (représentant unique du peuple palestinien aux yeux de la communauté internationale) (…) peut engendrer de graves conséquences sur le processus de paix et les relations américano-arabes (…)», a averti Nabil Abou Roudeina. «Cette décision peut être considérée comme un coup porté aux efforts de paix, comme elle peut être perçue comme une récompense pour Israël qui oeuvre justement à entraver les efforts américains à travers son obstination dans sa politique de colonisation et son refus du principe d'une solution à deux Etats», a conclu le porte-parole de la Présidence palestinienne. Pour les observateurs, cette nouvelle «position anti-palestinienne» prise par l'administration Trump est une preuve de plus de son alignement sur la politique du gouvernement israélien de Netanyahu, le plus à droite de l'histoire de l'Etat hébreu. La mesure américaine semble une véritable punition adressée au président Mahmoud Abbas, ayant osé aller de l'avant dans le processus de réconciliation interpalestinienne. Une réconciliation rejetée sans surprise par Israël qui a travaillé, au contraire, durement pendant de longues années pour diviser les Palestiniens afin de fuir ses obligations envers le processus de paix et prétendant ne pas avoir de partenaire pour la paix représentant l'ensemble des Palestiniens. Benyamin Netanyahu a profité des années de la division palestinienne, 2007 à 2017, pour coloniser plus de territoires palestiniens, rendant quasi impossible la création d'un Etat palestinien doté d'une continuité territoriale, avec El Qods pour capitale.