L'affaire du grabuge à l'enregistrement d'Air Algérie à Marseille à la fin de la semaine dernière révèle une histoire peu commune. Les faits sont arrivés au tribunal d'Aix-en-Provence lundi, en comparution immédiate. La personne était poursuivie pour violence envers les hôtesses d'accueil au guichet d'Air Algérie vendredi dernier. Le journal La Provence rend compte de l'audience et révèle une histoire loin du coup de poing initial qui était rapporté samedi dernier et répercuté sans plus de précaution dans les réseaux d'information virtuels d'internet. Ce jour là, celui que le journal prénomme sans plus de détail Nacer, «est en retard et très chargé. Le vol est clôturé, mais il supplie l'hôtesse qui appelle le chef d'escale et obtient quelques minutes de délai». Donc, il n'y a pas eu d'empêchement pour que le retardataire prenne finalement son vol. La suite de l'affaire exposée à la barre du tribunal donne une version à la fois plus compliquée et douloureuse de la manière dont tout a dégénéré. En effet, Nacer n'est pas un homme mais un transexuel. «Elle» est devenue femme après plusieurs opérations anatomiques. D'ailleurs, au tribunal, elle se présente vêtue d'un pull rose à perles, foulard rouge dans les cheveux : «Nacer semble une femme comme les autres», écrit La Provence. C'est là-dessus que le ton était monté à l'enregistrement : «Lors du contrôle du passeport, rapporte La Provence, quelque chose cloche. Sur le document de voyage, il est indiqué qu'il s'agit d'un homme, tandis que la photo semble être celle d'une femme. «Où est la dame ?», demande alors l'employée au passager qui, coiffé d'une casquette, semble bien être un homme, mais finit par lui expliquer qu'il est transsexuel… Cheveux arrachés Le ton monte un peu, mais sans plus, est-il exposé devant le juge. Le souci intervient après, lorsque «l'enregistrement des trois bagages laisse apparaître une surcharge que «la passagère» refuse dans un premier temps de régler»… C'est là que «Nacer» s'enflamme contre le personnel de l'enregistrement : «Quand elle m'a dit : ‘‘Vous êtes pas madame, vous êtes monsieur'', j'ai vu noir, je me suis sentie mal, j'ai ressenti de la discrimination et ensuite, elles m'ont dit de jeter les affaires en trop si je ne voulais pas payer», explique Nacer qui, à 50 ans, se sent femme depuis l'âge de 6 ans. Après un échange verbal assez chaud, Nacer s'empare du talkie-walkie de l'hôtesse et la frappe au visage avant de lui tirer les cheveux si fort qu'il lui arrache une mèche. Une autre employée s'interpose et se fait violenter à son tour. Entre-temps, les salariés d'Avia Partner ont fait valoir leur droit de retrait, et pas moins de19 vols sont retardés ou annulés. Quant à «Nacer» (dont on ignore le prénom féminin), il (elle) a déjà eu affaire à la justice pour des faits de prostitution. La peine est tombée : douze mois avec sursis. «Samedi, on m'a dit qu'elle devait être libérée, mais les perturbations aériennes et l'écho dans les médias ont fait qu'elle est finalement partie en prison», regrette l'avocate du prévenu, pointant les conditions de détention en cas de condamnation, conclut notre confrère. «La prison pour les transgenres, c'est l'enfer et la double peine : on les met à l'isolement, car pour l'administration, c'est un homme.»