Rien ne va plus au sein du groupe majoritaire de l'APC de Tazmalt. L'entente, la cohésion et l'espoir de changement nés au lendemain des élections municipales du 23 novembre 2017 a laissé place à la désillusion depuis quelques mois. C'est le désamour au sein de la liste majoritaire «Assirem» (Espoir) qui avait raflé la majorité des sièges, 11 sur 19. Une opposition y a pris progressivement forme et est dirigée contre le président de l'APC qui est issu de cette même liste. La crise est telle que le divorce est sur le point d'être consommé, puisque le groupe d'élus demande au maire de démissionner. C'est ce qu'ils revendiquent dans une déclaration publique, où ils fustigent le chef de l'exécutif communal, Ghozali Redjdal, et l'accusent de «gestion unilatérale, opaque et irresponsable». Les élus protestataires considèrent que le président de l'APC montre «son hostilité à toute transparence dans la gestion, à tout changement positif, à toute collaboration de citoyens experts et à toute collégialité et horizontalité, comme convenu dans la campagne électorale». Le courant ne passe plus entre les deux parties et cette réaction des élus renseigne sur de profonds désaccords qui perdurent depuis les premiers mois du mandat. Le groupe d'élus reproche au maire de faire cavalier seul et de ne pas faire preuve de transparence dans la gestion des affaires de la commune. Il l'accuse d'enfreindre le code communal en ne convoquant pas de session ordinaire du conseil communal dans les délais réglementaires d'une fois par deux mois. Tout un chapelet d'accusations accompagne la déclaration qu'ont adoptée une partie des élus et les candidats de la liste qui ne ménagent aucunement le P/APC, leur allié d'hier. Ils fustigent son «immobilisme» et «son refus d'ouverture sur les compétences de la commune». Les rédacteurs de la déclaration montrent leur dépit de ne pas voir le SG de la commune démis de ses fonctions, comme ils le revendiquent, et de constater que ses prérogatives ont été plutôt renforcées. Le reproche est fait aussi au P/APC de n'avoir pas appliqué la loi sur les cas d'absences répétées et non justifiées des élus. Bien que la déclaration se refuse à donner de nom, il s'agit précisément de l'ex-maire, Smaïl Mira, qui ne siège pas en tant qu'élu à l'Assemblée dans laquelle il s'est retrouvé minoritaire. Au P/APC, il est aussi reproché de ne pas donner suite «aux décisions de mise à exécution des démolitions des constructions illicites». «Ce qui a encouragé des citoyens à squatter des trottoirs, des petites parcelles communales et à construire des bidonvilles», écrivent les protestataires, qui trouvent «illégal» l'octroi d'un terrain destiné à un projet de logements de type LPA dont la distribution des unités est jugée «unilatérale». Comme est soulignée aussi la «signature des avis favorables aux deux sablières d'une manière opaque, non concertée et unilatérale». Ce qui était au lendemain de l'éclatante victoire électorale de novembre 2017 un bloc soudé est aujourd'hui sectionné en deux. Le maire a le soutien affiché, selon ses opposants, de trois élus, parmi les 11 de sa liste, alors que lui revendique le soutien de sept d'entre eux. Le conflit qui l'oppose à au moins trois de ses ex-camarades l'a poussé à présenter sa démission lors de la session extraordinaire du 31 décembre dernier avant de revenir sur sa décision. «Des personnes sont venues me voir pour me demander de rester», a-t-il répondu à El Watan. Une tentative de réconciliation a été entreprise, mais sans qu'elle soit suivie d'effet. Le conseil consultatif n'a pas pu être mis à contribution, le P/APC ayant refusé de travailler avec son nouveau président, dont il ne reconnaît pas la «légitimité». La crise a imposé, depuis, le statu quo. «Le retard mis pour cette dénonciation est dû à l'espoir que nous gardions et au temps accordé à notre P/APC pour éventuellement se ressaisir et prendre le chemin de nos promesses électorales, de notre projet et de notre programme pour la construction de notre commune, avec collégialité, union et fraternité», écrivent les protestataires, qui considèrent que «l'état général de la commune (…) ne cesse de se délabrer et de se dégrader de plus en plus». «Nous appelons notre P/APC à plus de sagesse, de maturité, de clairvoyance et de sens de la responsabilité, afin qu'il souffle sur la braise de l'espoir, suscité un certain novembre 2017, en démissionnant définitivement» demandent-ils.