A chaque début de saison estivale, la question du développement touristique dans la wilaya de Annaba se remet au devant de l'actualité. L'amer constat est le même, sinon pire, pour cette année. Plusieurs projets d'hôtels accusent un retard considérable pour être lancés, affectant les capacités d'accueil de la wilaya. Un éternel Plan d'expansion touristique (PET) non encore validé depuis plusieurs années, une direction du tourisme en léthargie et un wali qui semble n'avoir cure de cette situation. Heureusement que la commune de Annaba tire son épingle du jeu et tente tant bien que mal de répondre aux besoins des uns et des autres. Logiquement, la responsabilité incombe au wali et à son directeur du tourisme. En effet, les dossiers d'investissement dans ce secteur sensible sont nombreux, autant que les blocages de l'administration. «Il y a des chantiers d'hôtels et d'infrastructures touristiques qui sont toujours bloqués. Les uns ne disposent pas encore d'un permis de construire pour entamer les travaux, les autres sont lancés, mais bloqués pour des litiges avec les différentes administrations», se désole-t-on. Hormis quelques-uns, éparpillés entre Boudjema (RN44) et Oued Ziad (El Bouni), la majorité de ces projets sont implantés dans la zone d'expansion touristique (ZET) de Ras El Hamra, sur les hauteurs de la corniche de Annaba. Soit ils sont en souffrance administrative, soit ils sont bloqués pour des litiges. Attribués en 2012 par l'ex-wali, Mohamed El Ghazi, dans le cadre du Calpi, plusieurs projets touristiques n'ont pas été encore lancés. Pis, les terrains affectés ne sont pas encore restitués, ce qui témoigne d'une flagrante négligence, sinon d'une complicité. «J'ai mon projet d'hôtel dans la localité de Oued Ziad, commune d'El Bouni. Malheureusement pour moi, un poteau électrique se trouve au bon milieu de mon assiette de terrain. J'ai contacté la SDE (Sonelgaz) qui m'a remis un devis de 3,7 millions de dinars pour le déplacement de ce poteau. J'ai réglé la facture voilà une année déjà. Depuis, le poteau est toujours en place et les travaux renvoyés aux calendes grecques», se désole le malheureux concerné. Outre les blocages administratifs, la corniche de Annaba affiche des insuffisances qui relèvent de la désolation. Comment peut-on prétendre au titre d'une ville touristique lorsque l'eau potable n'est pas disponible pendant plusieurs jours ? Une importante infrastructure classée quatre étoiles de l'envergure de l'hôtel Sabri qui s'alimente en citernes d'eau et un réseau d'assainissement inexistant est une réalité amère qu'aucun responsable ne peut démentir. Au lieu de se pencher sur cette problématique et satisfaire les opérateurs de tourisme, le directeur de tourisme s'est transformé en un inspecteur d'urbanisme pour consacrer son «précieux» temps à crier, à qui veut l'entendre, qu'un petit parapet de sécurité a été construit par les habitants pour se protéger contre les jets de pierres et des bouteilles de bière que les usagers de la route lancent la nuit à leur passage. «Au lieu de s'enquérir des insuffisances des infrastructures touristiques et d'assurer les commodités aux touristes en ce début de saison estivale, le directeur du tourisme s'est focalisé sur ce muret de sécurité qui protège les habitants en contrebas de la route. Nous étions à maintes reprises victimes de jets de pierres et de bouteilles en verre que les estivants jettent à leurs passages dont les dégâts sont parfois importants. Même les autorités locales sont informées sur la gravité de ce problème», expliquent-ils. Ainsi, pour l'instant, la wilaya de Annaba ne peut pas prétendre au titre de ville touristique, en l'absence d'une prise de conscience urgente de ses responsables, dont le wali et son directeur du tourisme.
