Les membres du panel de dialogue et de médiation observent, depuis la finalisation de leur rapport qui appelé à l'organisation des élections, un silence complice sur l'affaire des détenus d'opinion. Alors que la liste des personnes placées en détention ne cesse de s'allonger, prenant même des proportions inquiétantes, les membres de l'instance coordonnée par l'ancien président de l'APN, Karim Younès, ne soufflent mot. Pourtant, ils ne cessaient d'insister, depuis l'entame de leur mission qui s'est achevée au début du mois de septembre, sur la nécessité de satisfaire des préalables pour garantir le bon déroulement du dialogue entrepris. Parmi ces préalables, il y a surtout la levée des pressions sur le mouvement populaire et la libération des détenus d'opinion, injustement incarcérés. Non satisfaits, en raison du veto du chef d'état-major de l'ANP, les mêmes préalables sont repris, sous forme de recommandations dans le rapport final synthétisant les résultats des pourparlers menés avec certains partis et des organisations dites de la société civile. Dans ce document remis au chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, le panel de dialogue a insisté sur «la nécessité de mettre en place un climat positif pour instaurer la confiance entre le pouvoir et le peuple». Pour cela, le rapport du panel appelle à «la mise en place des mesures d'apaisement, comme la libération des détenus d'opinion arrêtés pendant le hirak». Il exige aussi le départ du gouvernement actuel et son remplacement par un exécutif composé de compétences neutres pour gérer les affaires courantes. Durcissement de la répression Mais le pouvoir semble avoir décidé de prendre seulement ce qui l'arrange dans ce rapport. Il s'est précipité pour promulguer la loi relative à l'Autorité des élections et celle portant révision de la loi électorale. En revanche, il décide de passer à une étape supérieure en matière de répression pour mater le mouvement populaire. Après l'incarcération des jeunes porteurs du drapeau amazigh, maintenus en détention provisoire depuis plus de deux mois, notamment à Alger, les tenants du pouvoir s'attaquent désormais à tous les participants aux marches. C'est ainsi que plus de 28 personnes sont placées en détention, depuis vendredi dernier, dont 24 ont été interpellés à Alger lors de la 30e marche du hirak. Dimanche dernier, trois autres manifestants ont été arrêtés à Constantine et placés en détention, depuis lundi. Ces détenus sont poursuivis pour de lourds chefs d'accusation, alors qu'ils n'ont fait que participer à des marches comme ils le font depuis le 22 février dernier. Pis, les interpellations concernent aussi des hommes et des activités politiques. Après l'arrestation et l'emprisonnement du porte-parole de l'UDS, Karim Tabbou, jeudi dernier, un autre activiste, en l'occurrence Samir Belarbi a été aussi placé, hier, sous mandat de dépôt. Le harcèlement s'étend même aux partis politiques agréés, dont les activités sont interdites et les militants ciblés directement par les forces de police. Face à ce climat délétère, les membres du panel de dialogue ne disent rien…