Khaled Melha est décédé dans des circonstances troubles au mois de juillet dernier. Sorti le 31 juillet de sa maison de campagne à Villemoireu, au sud-est de la France, où il se trouvait en famille, pour aller voir un garagiste, Khaled avait disparu le soir même. Khaled Melha, notre confrère et ancien responsable du bureau d'El Watan à Paris dans les années 1990, décédé dans des circonstances troubles au mois de juillet dernier, sera inhumé aujourd'hui à Paris, au cimetière de Montmartre à 16h. Khaled Melha est décédé dans des circonstances troubles au mois de juillet dernier. Sorti le 31 juillet de sa maison de campagne à Villemoireu, au sud-est de la France, où il se trouvait en famille, pour aller voir un garagiste, Khaled avait disparu le soir même. Malgré des recherches entamées dès le lendemain, son corps ne sera retrouvé que le 4 septembre… A seulement 3 km de sa maison. Une disparition et un décès qui suscitent la perplexité de ses enfants, même si Khaled avait été diagnostiqué, depuis quelques mois, avec un début d'Alzheimer. Pourtant, de son vivant, Khaled ne laissait personne indifférent. «Mon père a toujours été un mélange de gouaille, de sérieux, de nonchalance et de rigueur. Ma mère a, par exemple, mis des années avant d'apprendre qu'il n'avait pas le permis alors qu'il lui empruntait sa voiture tous les jours ! Elle me disait : »Ton papa, c'est une grande aventure quotidienne ! Il était tout feu tout flamme ! »», se rappel Amel, sa fille aînée. Un homme chaleureux et un homme de bien, Khaled. Le soutien de sa famille, c'était lui. C'est grâce à son travail et à son salaire que sa famille à Mostaganem, dont il est originaire, a pu vivre durant des années. C'est lui qui a payé intégralement les études de son jeune frère Saada. Il ne l'a jamais dit, jamais claironné. Même sa première femme, qui a partagé sa vie durant vingt ans, ne le savait pas. «C'est tout mon père ça. Il était là pour tout le monde», sourit Amel. Durant les années 90′, Khaled a aussi beaucoup aidé les journalistes algériens qui s'exilaient pour échapper au terrorisme islamiste de la décennie noire en Algérie, dont l'auteur de ses lignes. Khaled, c'était le sourire et la bonhommie qui rassure quand on débarquait, terrifié, d'un pays à feu et à sang. Pour lui, me disait-il, «c'est mon autre combat». Il passait un temps fou à courir entre les préfectures et les mairies pour aider à monter des dossiers de titre de séjour pour les journalistes, tout en hébergeant beaucoup d'entre eux chez lui à Paris. Son canapé convertible dans son petit salon-bureau a été un havre de sommeil pour beaucoup de journalistes algériens en exil, quand sa petite voiture Mini servait de taxi à tant d'autres. Et puis les années passent, le contact se distend. La vie vous happe, vous éloigne. Et un jour, on apprend que Khaled, l'ami, a disparu. Il y a, immédiatement, la douleur. Puis les circonstances de son décès qui achèvent de rendre les regrets plus amers. Khaled est décédé dans des circonstances troubles. «L'enquête a été tout bonnement bâclée, traitée avec une légèreté déconcertante. On n'a pas cherché avec professionnalisme. Sinon son corps ne serait pas resté quatre semaines dans un champ à 5 minutes de chez lui», explique Amel. Pourquoi ? «Peut-être parce que pour eux ce n'était qu'un p'tit vieux de 65 ans atteint d'Alzheimer qui s'est perdu en sortant de chez lui à la tombée de la nuit. Si vous ajoutez à cela qu'il s'appelait Khaled, vous comprendrez que ça ne mobilise pas les troupes avec ce prénom !», fustige Amel Pourtant, Khaled n'était pas totalement malade. Il avait été diagnostiqué avec un début d'Alzheimer. La pathologie ne l'avait pas encore atteint complètement. Il prenait seul le train pour venir de Villemoireu à Paris. Et dans la capitale, il prenait le métro et les bus. Disparu pendant plus de quatre semaines, Khaled n'a pas suscité l'intérêt de ses confrères en France, loin de là. «Quelle indifférence ! A part le journaliste Edwy Pleynel et l'historien Benjamin Stora, bravo la solidarité ! Il a fallut qu‘El Watan, le premier, parle de mon père. Je n'ose faire un parallèle si mon père s'appelait Bernard ou Charles…», s'indigne Amel Khaled, notre ami, sera inhumé aujourd'hui. Amel se dit soulagée de pouvoir l'enterrer et d'avoir une pierre tombale pour s'y recueillir. Tant de disparus en France et dans le monde n'ont jamais été retrouvés. L'enquête sur son décès n'est pas encore terminée. Certains aspects liés aux dernières années de sa vie privée vont peut-être, un jour, éclairer les circonstances exactes de sa disparition. En attendant, pour nous, Khaled la «grosse voix», Khaled le militant, Khaled le copain, Khaled le rire qui résonne, c'est ce Khaled qui restera dans nos cœur à tous. «Repose en paix, l'ami !»