Le pétrole a enregistré, en ce début du mois d'octobre, sa plus forte baisse hebdomadaire depuis juillet, une série de données économiques décevantes ayant exacerbé les craintes d'une récession mondiale. Selon les analystes, la courbe de l'or noir ne réagit plus aux risques géopolitiques, pourtant exacerbés depuis des mois, se focalisant plutôt sur les risques de récession économique mondiale et la baisse de la demande, face à une offre abondante, malgré les efforts de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) qui suit scrupuleusement ses coupes de production. Face à la situation, même le Nigeria s'est dit prêt à procéder à des baisses plus accentuées de sa production si nécessaire. Le Nigeria, membre de l'OPEP, a ainsi estimé jeudi dernier que la demande de pétrole serait «très difficile» l'année prochaine, ce qui le pousse à faire plus d'efforts pour restreindre son offre qui, ajoutée à la surabondance de l'offre irakienne, plombe quelque peu les efforts de l'Opep. La préoccupation face à une demande en berne, combinée aux réparations rapides effectuées sur les installations pétrolières endommagées en Arabie Saoudite, ont fait disparaître les gains pétroliers résultant des attaques houthis lancées le 14 septembre sur les installations pétrolières saoudiennes. «Les marchés pétroliers se concentrent sur les risques macroéconomiques graves, mais évitent également le risque géopolitique le plus élevé depuis des années», a écrit Ed Morse, analyste chez Citigroup Inc, cité par Bloomberg. «Alors que les marchés ne tiennent pratiquement plus compte du risque d'approvisionnement, l'attention reste centrée sur ce qui devrait presque universellement être une année de croissance de la demande nettement plus faible.» Les signes de détérioration économique aux Etats-Unis, en Chine et en Allemagne aggravent les perspectives de consommation déjà fragiles des combustibles. Par ailleurs, le pétrole a été sous pression toute la semaine à la suite d'une série de données économiques moroses aux Etats-Unis. Selon Bloomberg, une mesure-clé de l'activité du secteur des services aux Etats-Unis est tombée à son plus bas niveau en trois ans, alors que l'indicateur d'emploi affichait sa plus faible valeur en plus de cinq ans. La hausse de 0,7% des contrats à terme négociés à New York vendredi n'était pas suffisante pour corriger une baisse de 5,5% pour la semaine. L'augmentation de la masse salariale aux Etats-Unis et le taux de chômage le plus bas en cinq décennies compromettent les perspectives de réduction des taux d'intérêt par la Réserve fédérale. Le West Texas Intermediate pour livraison en novembre a augmenté de 36 cents pour s'établir à 52,81 dollars le baril sur le New York Mercantile Exchange. Le Brent pour livraison en décembre a augmenté de 66 cents pour s'établir à 58,37 dollars sur le marché ICE Futures Europe Exchange. Il s'est échangé au WTI avec une prime de 5,63 dollars pour le même mois. Dans ce contexte, Washington et Pekin devraient reprendre les négociations commerciales de haut niveau la semaine prochaine, mais les chances d'une percée à court terme ne semblent pas être grandes. Pendant ce temps, les Etats-Unis ont imposé des droits de douane sur les marchandises européennes, y compris les avions et les produits laitiers, cette semaine. Des actualités qui ne sont pas de nature à renforcer le prix du pétrole.