Toute une génération et ses aînés a dû supporter les nuisances de la grosse fuite d'un réseau d'assainissement vieux de 45 ans. Les habitants de la cité Harizi Hocine, dite Fernana à El Kala, n'en peuvent plus et ne savent plus à quel wali se vouer. Ils endurent le calvaire depuis plusieurs décennies et les walis et maires qui se sont succédé à la tête de la ville n'ont pu mettre fin à leur supplice. Toute une génération et ses aînés a dû supporter les nuisances de la grosse fuite d'un réseau d'assainissement vieux de 45 ans. Sur les lieux, on commence par découvrir le flot qui coule dans une rue commerçante très fréquentée, mais qui disparait avant d'arriver à la rue principale. «Il y a eu une opération de volontariat avec l'Office national de l'assainissement (ONA) pour éviter que les eaux usées n'atteignent sur le carrefour du voilier, vitrine de la ville», nous explique le président de l'APC. A environ 200 m plus haut dans la rue, les eaux nauséabondes s'échappent en bouillonnant d'un égout éclaté dans un lot de terrain destiné à la construction. La pétition qui nous a été adressée décrit fidèlement ce que nous découvrons. Elle en appelle une fois de plus à l'aide contre ce cours d'eau usée, foyer d'infection, qui se faufile parmi les habitations et même à l'intérieur et croise les conduites d'AEP. Le flot grossit au moment de la distribution d'eau potable et, hiver comme été, c'est la lutte continuelle contre les rats et les moustiques. «C'est la partie de la ville où il y a curieusement plus de malades», nous signalent des locataires de ce vieux quartier, qui a pris une extension démesurée dans tous les sens. Pendant que nous prenions des photos, une vieille dame, à qui nous donnerions 85 ans, toute courbée, mais qui a gardé sa grandeur, sort de la maison d'en face et s'approche. «Tous les jours, je verse de l'eau de javel sur le bord de ma fenêtre pour empêcher les odeurs de pénétrer. J'ai perdu le sens de l'odorat, je ne fais plus de différence entre le parfum d'une rose et le fumet du pain qui cuit». Que s'est-il donc passé ? La canalisation en buses réalisée en 1974 pour une cinquantaine de petites maisons a un diamètre de 15 cm. Aujourd'hui, il y a plus de 300 habitations qui s'y sont raccordées et certaines construites sur le conduit lui-même. «Nous n'avons pas pu intervenir pour au moins tenter de contenir l'écoulement», nous explique le président de l'APC d'El Kala. «Nous n'avons aucun financement pour l'instant, mais comme c'est la priorité des priorités, elle est inscrite, depuis plusieurs années du reste, dans le Programme de développement communal (PCD)», précise encore le maire de la ville.