Mohamed Hichem Kara est professeur à l'université d'Annaba où il dirige le laboratoire Bio-ressources marines. Il est membre fondateur et vice-président de l'AAST. Il vient d'être élu président du Comité ressources vivantes et écosystèmes côtiers à la Commission internationale pour l'exploration scientifique de la Méditerranée (CIESM). Propos recueillis par Slim Sadki Votre conférence à l'Académie des sciences de France aborde la question de la biodiversité en Méditerranée dans un contexte de changement global. Qu'en est-il au juste ? Le changement global est une réalité, et les pays méditerranéens sont particulièrement touchés par ses conséquences. Après l'Arctique, la Méditerranée serait la région du monde la plus touchée par le réchauffement climatique. C'est la triste conclusion des travaux menés par le réseau méditerranéen d'experts sur les changements climatiques et environnementaux (MedECC). Si la température moyenne mondiale a augmenté de 1°C depuis l'ère préindustrielle, celle de la région méditerranéenne est montée de 1,4°C. Cette petite différence, imperceptible par les baigneurs humains, a des conséquences dramatiques sur le devenir de la biodiversité, notamment avec l'arrivée d'espèces exotiques venues des mers chaudes. L'invasion par ces espèces est en cours, elle s'accélère et risque de reconfigurer complètement l'écosystème méditerranéen, avec des conséquences désastreuses sur l'intégrité génétique des organismes vivants sur le devenir des pêcheurs et sur l'économie maritime en général. A travers votre personne, l'Algérie vient de se faire élire à la présidence du Comité des ressources vivantes et des écosystèmes marins au Conseil scientifique de la CIESM. Quelles perspectives nouvelles pour la recherche scientifique dans notre pays ? Il faut d'abord savoir que la CISEM est la plus ancienne institution scientifique internationale dédiée aux sciences marines en Méditerranée. Fondée en 1919, elle compte actuellement 23 Etats membres, dont l'Algérie. Participer au Conseil scientifique de cette commission permettra à notre pays d'intégrer les préoccupations scientifiques nationales dans un contexte global à travers l'implication de nos chercheurs dans les réseaux thématiques existants. Ceci facilitera la communication et la participation active de notre potentiel scientifique dans les grands programmes internationaux de recherche, de développement et d'innovation. C'est une opportunité réelle pour nous, car la CIESM s'appuie sur les meilleurs experts et sur les connaissances scientifiques les plus récentes pour donner des avis impartiaux sur des questions diverses. Elle veille au niveau régional sur les indicateurs de changement sensibles, en enregistrant les tendances de réchauffement, les variations saisonnières du niveau absolu de la mer, les traces de contaminants, les espèces exotiques introduites, la biodiversité…