Chaleur ou sécurité ? Trois candidats sur cinq ont en tout cas choisi Adrar pour leur premier déplacement, comme si le Sud était plus apte à écouter leurs promesses et leurs Saints plus enclins à donner bénédictions vierges et cartes de vote prépayées. Rien d'étonnant pourtant, les trois ex-ministres suivent leur ex-président Bouteflika, qui aimait se recueillir dans les zaouïas de la région pendant sa traversée du désert et revisister ensuite Cheikh Reggani, Moulay Hiba ou Sidi Belekbir pour un coup de pouce du paranormal à l'occasion de ses campagnes électorales, à l'issue desquelles il aura réussi à construire un pays entièrement avec du sable. Le soutien des zaouïas, qui soutiennent tout, y compris le gaz de schiste, étant affiché, l'ambiance était pieuse et propre, selon des témoignages sur place, même si Mihoubi, ex-ministre de la Culture, a été surpris par une caméra à jeter ses épluchures de cacahuètes sur le tapis de ses hôtes. Sauf que sur les trois, deux ont bien été à Adrar en avion, Bengrina et Mihoubi, alors que le troisième, Tebboune, a dû annuler à la dernière minute. A cause de la démission de son directeur de campagne, dit-on, des rumeurs affirmant que Abdellah Baali aurait senti une odeur d'argent pas très propre dans les couloirs de la maison. Au Nord, l'APC Aït Laaziz a été fermée par des manifestants qui ont cimenté l'entrée avec un mur de briques, et à l'Ouest, Benflis a été pris à partie par des jeunes à Tlemcen pendant que Bengrina, de retour du Sud, était à Alger, mais est vite remonté dans sa voiture pendant que son siège était bombardé avec des œufs par des manifestants visiblement végétariens. Ce sont les questions du jour, le soufisme est-il une voie spirituelle vers l'ascension politique ? Le peuple algérien peut-il annuler une élection ? Combien coûte un œuf et peut-on s'attendre à des tensions sur la plaquette ? Bref, l'information principale est que les 3B, le T et le M sont bien décidés à aller aux élections. Même en avion s'il le faut.