Lors des travaux de dragage du port de Cherchell effectués par une entreprise portugaise, des canons de guerre, datant de la période allant du XVe au XVIe siècles, ont été «pêchés» miraculeusement. Les Portugais voulaient dissimuler l'information, pour ne pas être entravés dans leur travail. Cette heureuse découverte a fait l'objet de publications d'articles de presse par un seul quotidien. La nouvelle a fait réagir immédiatement les éléments des services des gardes-côtes, les autorités locales et les responsables du secteur de la culture, afin de protéger ce patrimoine culturel. Plus de 10 années sont passées. Quelle fut notre surprise de découvrir ces témoins d'un pan du passé de l'ex-Césarée, hélas, pas du tout entretenus, de surcroît abandonnés sur la terre quelque part au niveau du «parc à mosaïques» de Cherchell, infrastructure érigée en face du marabout de Sidi Braham. Des canons impressionnants se désintègrent dans l'indifférence totale, à proximité des magnifiques panneaux de mosaïque totalement livrés à la dégradation. Aucune protection n'est assurée pour ces biens culturels. L'Office de gestion et d'exploitation des biens culturels protégés (OGEBC) semble insensible envers ces objets précieux pour l'activité touristique. Des années se sont écoulées. L'état de dégradation des canons et des mosaïques ne fait pas l'objet d'une attention du secteur de la culture. Beaucoup de familles demeurent émerveillées par le bonheur que procure ce site, en raison de la richesse de sa végétation et de ses pièces archéologiques qui jonchent son immense superficie. Ne se sentant pas concernés par l'entretien et la survie de ces témoins du passé, les responsables se contentent des discours hypocrites pour dissimuler les tares. Ce désintérêt total envers la chose culturelle et historique locale inquiète, ayant de surcroît pris des proportions alarmantes dans la wilaya de Tipasa, allergique à la présence des repères du passé. Cette malédiction perdure, au moment où nos voisins sont en quête d'objets historiques pour fructifier le tourisme, qui constitue un atout incontournable dans le développement économique. Pourquoi a-t-on abandonné ces canons ? Ces biens culturels et historiques (canons et mosaïques, ndlr) ne sont plus à l'abri d'une disparition certaine.