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«Ce qui nous attend est plus inquiétant»
Messaoud Zitouni. Coordonnateur du plan cancer 2015-2019
Publié dans El Watan le 04 - 02 - 2020

Le Pr Messaoud Zitouni, coordonnateur du plan cancer (2015-2019) qui a pris fin en décembre 2019, remettra le rapport final au président de la République en mai prochain. Il comporte l'ensemble des propositions et des actions menées sur le terrain pour chaque axe formulées et rédigées par des experts. En tout, une trentaine de synthèses sont prêtes. Le Pr Zitouni revient dans cet entretien sur les principales étapes et les réalisations du comité de pilotage et d'experts et avoue avoir eu beaucoup de difficultés à mener ce projet, placé sous la tutelle du ministère de la Santé. Il ne cache pas son désappointement face à ces responsables dans la gestion de ce dossier. Le Pr Zitouni déplore l'absence d'une politique nationale de prévention de santé publique.
– Le Plan cancer 2015-2019 vient de prendre fin. Quelles sont les principales actions entreprises ?
L'Algérie s'est engagée dans les années 2013-2014 dans une vraie politique de prévention contre les facteurs de risque, notamment la lutte antitabac qui paraissait très sérieuse. Un plan stratégique national de lutte intégrée contre les facteurs de risque des maladies non transmissibles, soutenu par l'Union européenne, a été lancé et c'est à ce moment-là que les travaux sur le plan cancer ont démarré. Mais cette stratégie de lutte intégrée contre les facteurs de risque est restée sans suite.
Faute de résultats, nous avons construit notre approche sur la préparation de l'avenir, car ce qui nous attend est plus inquiétant que le présent. Il fallait donc travailler dans cette approche de lutte contre les facteurs de risque, à commencer par la lutte antitabac.
Les travaux sont dirigés par les groupes d'experts, constitués d'économistes, de démographes, de géographes, de statisticiens, de sociologues, etc. Nous avons mis en place 30 groupes, répartis sur 3 à 4 sections par axe du plan. Les premiers rapports ont été remis en octobre 2019. Le premier objectif du plan est de réduire la prévalence du tabagisme. Un programme d'éducation sanitaire dans les écoles a été donc initié en 2017 à Constantine en collaboration avec le ministère de l'Education nationale et avec l'aide d'une association locale.
Un projet pilote qui marche très bien basé sur un programme de 3 cours qui concerne les 4e, 5e et 6e années, qui consiste à parler du tabac et de ses méfaits sur la santé afin de sensibiliser les écoliers sur les danger du tabagisme et ses conséquences sur la santé humaine. Une évaluation sera donc faite, notamment sur le plan pédagogique, et les résultats seront analysés, qu'ils soient positifs ou négatifs. Ce qui nous permettra d'élargir l'opération à d'autres wilayas du pays. Un axe sur lequel nous insistons pour arriver à réduire le taux de tabagisme dans les écoles et les lycées, qui a atteint des proportions alarmantes en Algérie.
– Est-ce que d'autres mesures de prévention ont été également prises ?
Dans le cadre de la prévention, l'une des plus grandes réussites du plan, c'est la lutte contre les produits cancérigènes de manière générale. Un problème lié directement aux cancers professionnels, et nous avons l'une des meilleures équipes qui s'est occupée de cela et qui étudie tous les éléments dits cancérigènes, aussi bien chimiques que physiques, dans les milieux professionnels.
Notre projet a intéressé l'Organisation mondiale de la santé (OMS), un séminaire a été organisé avec l'OMS et il a été convenu de mettre en place un plan d'action pour la lutte contre ces produits toxiques, comme les herbicides, les pesticides, l'amiante, le mercure et tous les éléments qui risquent de provoquer le cancer.
– Dans le dépistage de certains cancers, le focus a été mis sur le cancer du sein et le colorectal. Qu'en est-il ?
Effectivement, pour le dépistage, le travail a été axé sur deux localisations, à savoir le sein et le colorectum. Il y a donc eu la mise en place effective des structures de gestion dans cinq wilayas pilotes, à savoir Biskra, Jijel, Oran, Constantine et Tipasa. Ce qui n'a pas été très facile pour nous, vu toutes les entraves bureaucratiques qui empêchent d'avancer. D'autres wilayas sont également concernées, comme Sétif, Batna, Béjaïa, Béchar et Sidi Bel Abbès.
D'énormes difficultés ont été rencontrées pour procéder à l'installation de ces premiers centres, vu l'absence de spécialistes en radiologie dans ces régions, alors que les équipements sont disponibles. Malgré toutes ces anomalies, des équipes médicales se sont déplacées vers ces wilayas et le travail a bien commencé avec les premiers résultats qui sont déjà publiés. Les centres de Béjaïa, Batna et Annaba ont bien avancé et le comité de suivi a communiqué les résultats. D'où l'intérêt du dépistage grâce à deux examens, à savoir l'analyse des selles et la colonoscopie.
L'autre localisation qui est actuellement en baisse, en l'occurrence le cancer du col de l'utérus, est aussi concernée par ce programme de dépistage. Deux centres pilotes sont installés à Tizi Ouzou et Biskra, où les incidences sont respectivement soit en baisse, soit en hausse. Mais la charge de travail est plutôt dans le dépistage du cancer du sein, qui est le premier cancer chez la femme, avec une incidence de 13 000 nouveaux cas par an, selon les registres nationaux du cancer.
C'est pourquoi nous insistons sur le dépistage des cancers, car quand on les diagnostique tôt, on peut considérer que le ou la malade est guéri(e), le traitement que vous lui donnez, comme on dit, est léger et parfois il n'a pas besoin de chimiothérapie ou radiothérapie, et surtout ça ne coûte pas cher. La prévention secondaire et le dépistage, qui sont les éléments essentiels dans la prise en charge, constituent notre philosophie.
Ce qui a donné l'un des premiers programmes, à savoir le dépistage du cancer autour duquel sont réunis les meilleurs spécialistes durant un an et demi pour mettre en place le programme actuel. En plus du dépistage, des groupes de travail se sont penchés sur le diagnostic en se basant sur l'anatomie et la cytopathologie en améliorant la formation avec un renforcement des qualifications humaines. D'ailleurs, dans notre plan, nous avons proposé une refonte dans la formation où le cancer sera l'axe central, en attendant une vraie réforme des études médicales.
– Selon vous, les traitements ont-ils été améliorés depuis ?
Dans le rapport du groupe, il est inscrit en premier la redynamisation du traitement, qui doit être inscrit dans le cadre de l'interdisciplinarité qui constitue, selon tous les experts, le moyen efficace et efficient dans la prise de décision thérapeutique pour le cancer. La complexité veut que les décisions pour le traitement d'un malade doivent obligatoirement être prises d'un commun accord dans le cadre de ce qu'on appelle les réunions de concertation pluridisciplinaires, ou RCP.
C'est une obligation à triple titre, parce que personne ne possède la science infuse à lui seul, et le cancer est une maladie plurielle. Il est très important d'asseoir une politique et une gouvernance administrative basées sur la concertation, si on les développe bien à tous les étages, cela nous mènera vers la démocratie sanitaire. Parce que dans le cadre d'une efficacité plus importante du traitement, il faut que tout le monde soit d'accord, et le point central est qu'il faut y associer le malade.
Les pertes enregistrées pour la chimiothérapie, à travers le gaspillage, sont estimées à 32%. Ce qui est dû à la mauvaise prescription, et les prescriptions sont insuffisantes dans les deux sens : on prescrit mal ou peu, notamment les prescriptions médicamenteuses classiques. Nous insistons sur la pluridisciplinarité en respectant les normes scientifiques et les règles d'éthique. Les soins palliatifs, qui ont été négligés pendant longtemps, ne doivent plus avoir une importance seulement de temporalité mais de la qualité de la vie, parce que nous avons vu des centaines de malades arriver en fin de vie avec des douleurs atroces.
Un premier centre de soins palliatifs en cancérologie a été difficilement mis en place à Oran, puis Annaba et Sétif, ils seront également dotés de ce type de service. Le focus a été également mis sur la radiothérapie, qui a été durant des années un sérieux problème pour les patients, et le ministère de la Santé l'avait bien compris. Il est donc essentiel de réorienter la politique de la radiothérapie en Algérie et mettre en place un plan stratégique avec une première recommandation, le renforcement du potentiel humain qui a été négligé par le ministère de la Santé en focalisant ses efforts sur les infrastructures.
– Comment cela peut-il être adapté concrètement ?
De nombreuses propositions sont rapportées dans l'un des plus grands rapports constitutifs du bilan final, où nous exposons cela avec professionnalisme et objectivité, basées sur des preuves scientifiques pour dire qu'il faut réorienter la politique de la radiothérapie en Algérie. De nombreux services ont été créés dans les centres anticancers installés un peu partout dans le pays et leurs coûts étaient très élevés. Plusieurs d'entre eux ont pris beaucoup de retard dans leur réalisation avec bien sûr des surfacturations.
L'exemple du centre d'Oran, appelé Institut national du cancer et qui, jusqu'à présent, n'est que du béton, est édifiant. Il y a actuellement 22 ou 23 centres, mais ils n'ont pas tous les mêmes charges de travail et surtout la même qualité de soins, par exemple le CPMC est surchargé, parce qu'on a placé une stratégie en dépit du bon sens. Par contre, le centre Draâ Ben Khedda à Tizi Ouzou, qu'il faut prendre en exemple, fonctionne très bien. Le plan cancer a soulevé la réforme dans la gestion des physiciens médicaux pour en faire une spécialité universitaire, comme en Angleterre.
– Les fonds dégagés pour ce plan suffiront-ils pour réaliser toutes ces actions ?
Un fonds spécial cancer alimenté par les taxes sur le tabac et les boissons sucrées a été créé après notre insistance vis-à-vis des objectifs du plan. Ce fonds rapporte 3 milliards de dinars chaque année, et en 2018, la cagnotte était de 18 milliards de dinars. Le ministère de la Santé en a utilisé moins de 1% pour quelques formations à l'étranger. Le reste est toujours bloqué alors que le comité de pilotage et les experts doivent se débrouiller par leurs propres moyens pour trouver les billets d'avion et l'hébergement lors de leur déplacement dans le cadre de la mise en œuvre des actions et des mesures de ce plan.
C'est grâce à l'aide des différentes associations de malades que nous avons pu réaliser tout ce travail. Le ministère de la Santé est déficient, il n'a pas les qualités humaines pour défendre le dossier auprès du ministère des Finances. Que le ministre de la Santé procède à une délégation de signature à une institution munie des compétences nécessaires pour la gestion efficace et efficiente de ce fonds.
– Un nouveau plan sera-t-il élaboré pour les prochaines années ?
Nous n'avons pas besoin d'élaborer un autre plan théorique, puisque nous l'avons déjà. Tout ce qui doit être fait sera défini selon une feuille de route avec tous les indicateurs qui ont été mis par les experts. Rien ne sera décidé sans l'avis des experts. Mais il faut garder à l'esprit que notre système de santé, qui est un peu parallèle à notre système politique, souffre du défaut d'une gouvernance verticale, alors que la gestion moderne, notamment au niveau de la santé, exige la norme dans la prise de décision qui doit être commune et consensuelle, à commencer par celle relative aux malades.
– Un dernier mot…
C'est un honneur pour moi d'avoir coordonné les travaux de tous ces groupes d'experts qu'il ne faut pas décevoir, car ce sont eux qui resteront sur le terrain et constitueront le stratège de la réflexion sur l'avenir. Au début du plan, ils étaient des centaines, mais lorsqu'ils ont vu le travail qu'il fallait fournir, il n'y a que les vrais spécialistes qui sont restés. Je tiens à répéter qu'il ne faut pas les décevoir, il ne faut pas que leur travail reste dans un tiroir.


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