Avare en actes concrets depuis sa nomination il y a bientôt 100 jours, le Président vient de donner un chiffre, pas celui des détenus d'opinion, relaxés au compte-gouttes, mais celui de 1216 milliards de dinars de crédits bancaires non remboursés, accordés à des investisseurs privés. Soit environ 10 milliards de dollars, l'équivalent du PIB du Togo, des Bahamas, des Maldives ou du Groenland. De quoi faire un petit pays heureux de 3 millions d'habitants, avec eau potable, cinémas, justice indépendante et internet haut débit. Comment récupérer ces 1216 milliards ? Pendant sa campagne électorale, le président Tebboune avait affirmé savoir où se trouve cet argent, indiquant de fait qu'il savait comment le récupérer. Sauf que ceux qui ont pris ces sommes astronomiques sont pour la plupart en prison, mais ont réussi pour nombre d'entre eux à faire évader ces capitaux et acheter des résidences à l'étranger. Comment récupérer des résidences à l'étranger ? Difficile, à moins d'aller tous y habiter pour les vacances. Ce n'était donc qu'une promesse de campagne, à l'issue de laquelle le même Président s'est d'ailleurs fait rembourser 17 830 442,49 dinars de dépenses. Oui, mais alors, comment gagner de l'argent ? Par l'endettement extérieur, comme vient de le confirmer le Premier ministre, «auprès d'institutions financières dont l'Algérie est membre», ce qui inclut la Banque africaine, les grossistes de Oued Smar, mais aussi la Banque mondiale. Bonne idée ? En tous les cas, l'Algérie compte deux atouts majeurs, Ferhat Aït Ali, le ministre de l'Industrie qui veut faire le contraire de ce qui a été fait et a promis des voitures électriques sans poser la question de la source d'énergie pour les alimenter, sûrement encore les hydrocarbures, et surtout Karim Younès, tout juste nommé médiateur par le Président. C'est-à-dire qu'après avoir été nommé en juillet pour établir le dialogue entre le peuple et le pouvoir, il va maintenant faire le contraire, établir le dialogue entre le pouvoir et le peuple.