Depuis quelques mois, et particulièrement depuis le début du confinement, comme El Watan l'a aussi relaté dans ses colonnes, plusieurs cas ont été filmés de brusqueries inappropriées et parfois de violences, «verbales, physiques ou symboliques» exercées par des membres des forces de l'ordre. Elles visent des personnes d'origine immigrée habitant dans les quartiers populaires qui dans plusieurs villes ont vécu des explosions sociales en raison, notamment, du confinement. Une pétition dénonce ce recours à des comportements excessifs de la part de la police. «Ces faits sont inadmissibles car ils contreviennent à un maintien de l'ordre respectueux des droits et de la dignité des citoyens», est-il estimé par les pétitionnaires. Ainsi, l'affaire du dimanche 26 avril avec les propos racistes en Seine-Saint-Denis vis-à-vis d'un Egyptien (lire notre édition du mardi 4 mai) est un signal inquiétant. «Le racisme décomplexé qui s'exprime dans cette scène aurait sans doute été nié si celle-ci n'avait pas été filmée. Il fait pourtant ici écho à des témoignages récurrents des habitants des quartiers populaires dénonçant depuis plusieurs années de bien trop fréquents comportements de même nature qui se matérialisent par un éventail infini de mots, de gestes, de pratiques et de regards», précisent les signataires : SOS Racisme, Ligue des Droits de l'Homme, MRAP, LICRA, Syndicat des Avocats de France, Ligue de l'Enseignement, Union des étudiants juifs de France, Ancrages, Asiagora, Cran, Association des jeunes Chinois de France, Banlieue Plus, Banlieues Actives, Conseil démocratique kurde en France, CM98, Conseil représentatif des Français d'Outre-mer, Collectif Justice et Vérité pour Wissam, Conseil de coordination des organisations arméniennes de France, Coup de soleil, FCPE, France Fraternités, Jalons pour la paix, L'Auberge des migrants, Quoi ma gueule ? et Remem'beur. Les associations demandent que «soit enfin ouvert le chantier de la lutte contre le racisme au sein de la police et la gendarmerie nationales». Elles se demandent du reste si ces métiers «seraient les seuls corps de la société épargnés par ce fléau». En effet, «des voix parmi les syndicats de policiers s'élèvent pour s'alarmer de ces comportements et de l'ambiance délétère qu'ils créent et entretiennent non seulement entre la population et les forces de l'ordre mais également au sein même de celles-ci, vous avez l'éminente responsabilité d'affronter cette réalité contraire à l'esprit de la République». La pétition est adressée au président de la République auquel il est demandé que «les forces de l'ordre se comportent en toutes circonstances en conformité avec la loi et leur code de déontologie». «Nous vous demandons de reconnaître l'existence d'un racisme au sein des forces de l'ordre qui ne se traitera pas en le résumant à une succession de faits individuels isolés, d'indiquer les voies que vous souhaitez emprunter pour le réduire et de dessiner les modalités de dialogue et d'élaboration de propositions auxquels beaucoup d'acteurs, au-delà même des signataires, sont prêts à participer».