Ils sont issus de différents horizons et classes sociales. Ils ont choisi de s'établir en France, pour la plupart à leurs frais, pour suivre des études dans diverses spécialités avec pour objectif commun de décrocher le diplôme qui leur ouvrira les portes d'un avenir meilleur. Certains sont dans l'Hexagone depuis 2013, alors que d'autres viennent tout juste de débarquer pour vivre seuls ou en colocation. Des étudiants algériens en France que nous avons interrogés via internet affirment qu'ils tentent de s'adapter au mieux à la dure situation du confinement, surtout qu'elle a coïncidé avec le mois de Ramadhan. «Depuis l'annonce du confinement, le principe de télétravail a été établi, que cela soit au niveau de l'école ou au niveau de l'entreprise. Nous avons une plateforme interne dans laquelle on déclare quotidiennement les heures de travail et la nature du travail effectué (côté école) et des meetings hebdomadaires (en début de semaine), côté entreprise, pour définir et répartir les tâches à effectuer. Nous communiquons entre nous via des applications telles que Hangout et Webex Team», témoigne Ammar, 27 ans, originaire de Constantine, inscrit en Master 2 à l'Ecole d'informatique en alternance (Entreprise/école) à Ivry-sur-Seine (Ile-de-France). «Je suis confiné seul dans un appartement. Nous travaillons à distance aux horaires de bureau (de 9h a 18h) mais la charge de travail n'est pas importante. Je travaille essentiellement le matin jusqu'au début d'après-midi étant en forme, mais vu la durée du confinement et le fait d'habiter seul, il n'est pas toujours évident d'avoir la motivation nécessaire pour travailler. J'essaie de me divertir essentiellement en bouquinant. Le contact avec les amis et la famille en Algérie est quotidien via Messenger», poursuit-il. Le quotidien de ces étudiants, dont la plupart vivent seuls, n'échappe pas à la routine, même s'ils tentent de s'en défaire par tous les moyens. «On essaye de s'occuper comme on peut. Je me suis créé un programme (sport, lecture, révisions) pour ne pas sentir le temps s'écouler. Je passe mes journées dans mon studio ; nous prenons des cours en ligne, ce qui est pratique. Je fais mes courses une fois par semaine et je cuisine chaque jour, le tout en gardant le contact avec mes proches via les réseaux sociaux», avance Amir, 26 ans, étudiant en Littérature et Civilisation (Mondes anglophones). Pour les filles, les choses ne sont pas bien différentes. «Je passe ma journée à la maison ; je fais un peu de lecture et de rédaction, en plus de discuter avec la famille et les amis ; mais je ne suis pas des cours en ligne», déclare Racha Lydia Bouchouka, 27 ans, doctorante à l'université de Grenoble. Un mois de jeûne particulier Il faut dire tout de même que cette année demeure aussi particulière dans la vie des étudiants algériens en France, qui se retrouvent confinés en plein Ramadhan. «C'est le troisième Ramadhan que je passe en France, mais cette fois-ci il est assez spécial. Je le passe seul, mais les week-ends je vais chez des parents, même si c'est déconseillé. Les supermarchés et les magasins sont toujours ouverts tout en prenant les précautions nécessaires. Comme chaque Ramadhan dans la banlieue de Paris, les boulangeries vendent des confiseries comme la zlabia et qalbellouz», raconte Ammar. D'autres étudiants, par contre, semblent avoir trouvé les astuces pour casser la routine et vivre le mois ensemble. «Je suis confiné en appartement avec mon petit frère. On garde le contact avec la famille via Messenger ; on s'appelle de temps à autre pour converser et demander des recettes à notre maman pour le Ramadhan. Personnellement, je trouve que le fait d'avoir eu le Ramadhan pendant cette période nous a un peu allégé la charge. On est beaucoup moins fatigués étant donné qu'on travaille à la maison. Je passe le Ramadhan avec mon petit frère et des amis qui habitent dans le même quartier, on essaye de se voir quotidiennement pour rompre le jeûne ensemble ou pour jouer aux dominos durant la soirée», révèle Imad Eddine Djebarni, un Algérois de 25 ans, qui fait des études en architecture logicielle à l'ETNA de Paris. «Moi je passe le Ramadhan toute seule, mais j'essaye de garder les habitudes et de préparer les plats du pays», ajoute Racha Lydia. Mais pour Rami, un Oranais de 27 ans inscrit à l'Institut supérieur du commerce de Paris depuis 2018, les choses ne sont guère aussi faciles. «Je passe le Ramadhan seul dans le studio que j'ai loué. Ma routine ne change pas du Ramadhan classique passé à Oran où on dormait la journée et on vivait la nuit. La seule différence est l'absence de la famille et les plats du pays que je ne sais malheureusement pas préparer moi-même», regrette-t-il Un œil sur la pandémie en Algérie Loin de leur pays, les étudiants algériens en France que nous avons interrogés disent suivre quotidiennement les infos de la pandémie dans leurs villes respectives. «Nous sommes plus préoccupés par la pandémie en Algérie et l'état de santé de nos familles que par le nôtre. On essaie de nous renseigner sur le nombre de nouveaux cas quotidiennement à Constantine et au niveau national en espérant que les choses ne vont pas empirer», notent Ammar et Amir. Pour Lydia Racha, «c'est plutôt l'inconscience des Algériens qui nous inquiète le plus». D'autres ne ratent pas l'actualité dans la presse. Comme c'est le cas de l'Algérois Imad Eddine : «Je suis abonné à certains journaux algériens qui publient des bilans quotidiens ; donc j'essaye toujours de garder un œil sur ce qui se passe, étant donné qu'on a des proches là-bas», décrit-il. On ne s'empêche pas pour autant d'avoir un avis critique sur la situation qui prévaut en Algérie. «Cela m'inquiète beaucoup, car je ne vois pas de gestion réelle de la pandémie. Etant donné que j'ai des proches dans le corps médical, ce n'est pas du tout rassurant ; cela prouve l'incompétence du gouvernement à prendre des décisions rationnelles, encore une fois», conclut Rami d'Oran.