En dépit de son incidence sur l'économie nationale, mais aussi sur la sécurité et la santé publique, l'informel s'impose de plus en plus dans l'espace public. Mettre sous la lumière ce fléau qui a pris de l'ampleur n'est plus une nouveauté. Mais mettre en place une nouvelle politique pour l'endiguer devient une urgence. A Constantine, ce phénomène a résisté aux mesures du confinement, prenant de l'importance en particulier durant la première semaine du déconfinement progressif, entamé il y a quinze jours. Avec la reprise de certaines activités commerciales et face à la fermeture de plusieurs commerces, les vendeurs informels étaient au rendez-vous. Ils ont occupé les artères principales de la ville avec le risque de contamination que la population peut encourir à cause du non-respect des mesures barrières. Au début de la reprise, toute marchandise se vendait à même le sol; accessoires téléphoniques, effets vestimentaires surtout pour enfants, de la vaisselle, des produits cosmétiques, voire des bavettes en couleurs à partir de 100 DA. Malheureusement, ces articles trouvent toujours preneur parmi des consommateurs inconscients de la gravité de la situation. Des images des plus terrifiantes ont été dénoncées à Constantine, à El Khroub, à Didouche Mourad et autres. «Nous subissons aujourd'hui des agressions verbales et physiques par ces marchands illicites. Nous avons saisi à maintes reprises le maire, mais rien n'a changé. Pis encore, ces jeunes dont certains sont des repris de justice se sont acharnés sur nous ; parce que nous les avons dénoncés en ces temps de pandémie. Vous pouvez imaginer les déchets qu'ils laissent derrière eux en fin d'après-midi. D'ailleurs nous avons déposé récemment une plainte pour cette forme de harcèlement», nous a déclaré Rima, une habitante à Didouche Mourad. Ce phénomène, qui gangrène la société depuis des années, a été largement décrié également par les commerçants légaux en possession de registres de commerce. Enfin, la semaine dernière, des vendeurs informels ont été chassés par les brigades de la police, surtout après l'ouverture de la plupart des magasins. Dans la commune de Constantine, selon la cellule de communication, les services de la sûreté de wilaya ont enregistré 41 interventions durant la première quinzaine du mois de juin. «Nous avons un programme pour l'éradication du commerce informel, en collaboration avec les autorités concernées, dont la mairie. Nous avons commencé par le marché de Daksi Abdessalem, le centre-ville de Constantine et le marché de Massinissa dans la commune d'El Khroub. Ces commerçants seront transférés de manière légale vers d'autres endroits. L'opération est toujours en cours, d'ici la fin du mois nous aurons un bilan définitif des interventions à Didouche Mourad, Bekira, Hamma Bouziane, Ali Mendjeli et autres», a déclaré le chargé de communication de la sûreté de wilaya. Pour le simple citoyen, la question de la capacité des responsables des différents secteurs à faire respecter ce programme de lutte contre l'informel demeure toujours posée.