La situation induite par la Covid-19 a impacté le football algérien. Les compétitions sont à l'arrêt depuis quatre mois et l'avenir de la saison 2019-2020 est plus que jamais incertain. La Fédération, via le bureau fédéral, n'a pas perdu espoir de voir le championnat reprendre à l'ombre de la difficile situation qui prévaut dans le domaine sanitaire avec un regain accentué de la pandémie. Sur ce chapitre, la Fédération et le ministère de la Jeunesse et des Sports ne semblent pas être sur la même longueur d'onde. Tandis que la première renvoie une forte impression de forcing pour faire jouer les rencontres qui restent et boucler la saison, la tutelle adopte une autre posture alignée sur les recommandations du conseil scientifique et de suivi du coronavirus qui s'est clairement exprimé sur la question au cours des dernières semaines. Il estime que dans les conditions actuelles, la reprise des compétitions n'est pas une priorité. La Fédération a indiqué à travers le communiqué sanctionnant la réunion du bureau fédéral du 30 juin 2020 que celui-ci «a décidé de maintenir sa décision de poursuivre la saison 2019-2020 une fois que les pouvoirs publics et les autorités sanitaires auront donné le feu vert pour la reprise des activités sportives». Une décision ubuesque devant la gravité de la situation, comme l'atteste la remontée des chiffres des contaminations. Dans la foulée, elle a programmé pour le 15 juillet 2020 une réunion du bureau fédéral élargie aux présidents de ligues pour se prononcer sur l'issue de la saison 2019-2020. Mercredi, le bureau fédéral a décidé de convoquer une assemblée générale de la fédération pour se prononcer sur le sujet. Pourquoi jeter la balle dans le camp de l'organe souverain quand l'article 82 des statuts de la fédération qui traite des cas non prévus et de force majeure précise : «Le bureau fédéral est habilité à prendre une décision sur tous les cas non prévus par les présents statuts ou en cas de force majeure. Il statue dans ce cas conformément aux pratiques et usages reconnus dans le domaine du football» ? Le forcing de la fédération serait-il motivé par la volonté de contrecarrer la circulaire du MJS du 8 juin 2020 qui rappelle «qu'en cette année électorale, il est demandé aux fédérations de ne rien modifier dans les statuts, les règlements généraux (système de compétitions), discipline, mouvement des personnels techniques mis à la disposition des fédérations...» ? La circulaire a freiné l'intention de la FAF de toucher aux statuts et fait peser un risque sur le système de compétition validé en deux étapes par l'assemblée générale d'abord, et ensuite par le bureau fédéral au prix de la transgression de deux articles des statuts de la fédération, à savoir l'article 23 (compétences de l'assemblée générale) et 29.6 (l'assemblée générale extraordinaire). La FAF avait convoqué une assemblée générale extraordinaire, le 17 septembre 2019, pour valider le nouveau système de compétition en violation de l'article 29.6 des statuts. Quelques jours plus tard à Ouargla, le bureau fédéral a validé les modalités d'accession et de rétrogradation du nouveau système de compétition sans que les modalités n'aient été soumises à l'approbation de l'assemblée générale, comme le recommande l'article 23 des statuts. Pourquoi le bureau fédéral a-t-il décidé que la question de la reprise ou pas de la compétition soit du ressort de l'assemblée générale alors que l'article 82 des statuts de la FAF lui confère le droit, et à lui seul, de trancher sur les cas non prévus et de force majeure ? Il est temps, pour tout le monde, de revenir à la légalité, seul moyen de remettre le football algérien sur les bons rails et la garantie d'une sortie de crise souhaitée par tous.