Un collectif de représentants de différents cultes, parmi lesquels les recteur Azzedine Gaci (Villeurbanne) et Kamel Kebtane (Lyon) ont publié une tribune dans laquelle ils s'inquiètent que la métropole lyonnaise soit «en train de basculer dans l'enfer des haines…» «Trop de faits inquiétants viennent de se produire pour que nous ne nous mettions pas en alerte, et pour que nous nous dispensions de sonner l'alarme à destination de nos concitoyens». Ils appellent à se montrer «vigilants et actifs» : «Dans notre métropole de Lyon, nous avons déjà une longue habitude de concertation et, surtout, de relations d'amitié entre responsables religieux juifs, chrétiens et musulmans. Cette ville a été pionnière dans les domaines de l'œcuménisme, de l'amitié judéo-chrétienne et de la solidarité avec les migrants musulmans. Nous réaffirmons solennellement notre détermination à continuer à œuvrer ensemble au bien commun». De son côté, indique le texte, le recteur de la Grande Mosquée de Lyon peut témoigner qu'«il est coutumier de la réception de lettres anonymes insultantes et menaçantes depuis de nombreuses années. Il y a peu, il se voyait qualifié de ‘‘terroriste'' sur les réseaux sociaux». La tribune énumère aussi les tentatives d'incendies volontaires contre deux lieux de culte musulmans ; la réalisation d'un gros tag antisémite sur une palissade lyonnaise et des inscriptions offensantes pour le Christ et les chrétiens, sur la devanture d'une librairie protestante évangélique, ainsi que des tentatives d'incendie et des profanations dans des églises. Le fait le plus récent est le courrier d'insultes racistes adressé récemment au nouveau maire de la ville de Givors, Mohamed Boudjellaba. Un suspect a du reste été interpellé à ce sujet. Pour les signataires, «qui que soient ces délinquants, ils sont révélateurs d'un climat délétère, d'une époque où trop de grandes valeurs qui ont construit la République et permis la paix sociale (dont la paix religieuse), sont de plus en plus bafouées ou méconnues. Au fil des ans, nous observons que les discours d'hostilité, de mépris et, de plus en plus souvent, de haine, augmentent et – plus grave – se banalisent. L'antisémitisme n'a malheureusement jamais vraiment disparu dans notre pays. (...) Les musulmans, quant à eux, font l'objet, dans de larges secteurs de l'opinion, de jugements désobligeants, soit hérités de l'histoire coloniale, soit liés à une actualité mondiale en effet peu favorable. Ils composent désormais une part importante de notre nation, et notamment de la population de la métropole de Lyon. Mais leur qualité de citoyens français est très souvent niée, en tout cas non respectée. Les marques d'hostilité à l'égard des choix religieux individuels sont légion, et tout un climat de dépréciation de l'islam fait que les actes anti-musulmans ne paraissent pas ‘‘si graves que cela'' à beaucoup».