C'est à l'initiative de l'Etablissement public hospitalier (EPH) Ibn Zohr de la ville de Guelma, en collaboration avec la radio locale, qu'un conclave organisé, samedi dernier, au centre culturel islamique Boulouh Mebarek, a eu pour thématique le phénomène du suicide dans la wilaya sous le slogan «Non au suicide...nous sommes tous concernés», en présence de psychiatres, de psychologues, d'imams, des représentants de la Gendarmerie et de la Protection civile et des enseignants universitaires. «Depuis le début de cette année, le phénomène du suicide prend des proportions alarmantes dans la wilaya. Rien que pour les cas de personnes qui se sont donné la mort par pendaison, nous avons enregistré 18 suicides», a déclaré à El Watan le commandant Benaouda Mohamed, directeur de la Protection civile. Et de conclure : «16 hommes, une femme et une fillette de 13 ans sont des victimes de ce phénomène.» De son côté, un représentant de la Gendarmerie nationale précise : «Le phénomène des tentatives de suicide, je dis bien tentative n'est pas délictuelle en soi, aucune poursuite n'est engagée contre la personne qui tente de mettre fin à ses jours, mais par contre nous engageons des poursuites contre la ou les personnes qui incitent à l'acte.» En clair, un PV est transmis à la justice qui devra, probablement, trancher en faveur d'une prise en charge psychiatrique. Mais qu'en est-il pour les psychiatres et autres médecins légistes du secteur public ? «Exceptionnellement, nous ne comptabilisons pas les cas de suicide ou tentatives de suicide. Les personnes sont orientées vers les urgences médicales, notamment pour les ingestions, les brûlures et autres lésions», nous avouera un psychiatre. «Pour les décès, nous effectuons une autopsie. Seule la justice conclura à un suicide ou non à la lumière de notre rapport», précise un médecin légiste. Ainsi, la sensibilisation et l'écoute de l'autre demeurent pour les professionnels de la santé mentale, les seules alternatives pour juguler ce phénomène. «Il y a des signes annonciateurs ; le suicidaire est très souvent calme avant de passer à l'acte. Il se retire. Il y a aussi la consommation de psychotropes et alcool associés qui influe grandement sur la crise suicidaire», nous dit-on. Les imans, de leur côté, sont dans l'expectative. Leur rôle indéniable dans cette malheureuse histoire a été négligé. Ainsi, depuis le début de la pandémie de la Covid-19, en février dernier, les mosquées sont restées fermées aux fidèles et par conséquent aux prêches. «Ce n'est pas une raison valable. Un imam est une personnalité publique. Son rôle ne se limite pas au prêche à l'intérieur des mosquées, mais aussi à sensibiliser les citoyens en usant de ce qu'il sait faire le mieux en argumentant avec des versets coraniques et des hadiths», s'indigne un imam «La situation qui prévaut dans la wilaya mérite plus d'attention dans le volet de santé mentale d'autant qu'un service de psychiatrie a été crée en 2007 à l'EPH Ibn Zohr de Guelma ; il devait être doté de 10 lits, mais contre toute attente, il n'a jamais vu le jour. Il fonctionne toujours comme un hôpital du jour avec plus de 6000 enfants et adultes qui souffrent de pathologies mentales», dénonce le docteur en psychiatrie Fethi Walid. Advertisements