*C'est un pan entier des annales de la télévision, cinéma et théâtre qui vient s'en aller. Mais on espère sans disparaître définitivement. Car il incarnait un idéal culturel, une bonhomie et une modestie. Et surtout, être au service de l'art sans calcul ni strapontin ni cupidité ni expédient. Said Hilmi, le bienheureux, au rêve fou : fou rire, faire rire le public. La disparition du comédien Said Hilmi a peiné les Algériens, anonymes, ses collègues, des admirateurs, des anciens et même le Président de la République Abdelmadjid Tebboune s'est fondu d'un message élogieux et laudatif de condoléances à sa mémoire: » j'ai appris avec une immense affliction et tristesse la nouvelle de la disparition de l'artiste Said Hilmi, des suites de complications liées au Coronavirus. Un grand et talentueux artiste qui vient de nous quitter après avoir enrichi la production télévisuelle et cinématographique des années durant, en laissant son empreinte dans plusieurs œuvres artistiques. Le défunt a amplement mérité l'estime et le respect du public épris de culture et d'art… ». On devrait le remercier et infiniment, ce Said Hilmi. De nous avoir diverti, fait évader, bien sûr fait rêver, rire et sourire, dérider notre rictus et croire en quelque chose de positif, sain et prometteur. Ce Said Hilmi, ce loup blanc, petit vieux, 82 ans, sémillant, le chapeau de travers, la tête chenue, ébouriffée lui donnant un air, un grain, un brin de folie, était en fait un poète. Quand on rencontre Said Hilmi, de prime à bord, on décèle une humanité à fleur de peau, une touchante personne, fragile, mais forte. Forte par son caractère de grand défenseur de la culture algérienne dans toute sa dimension diverse et éclectique. Grand, fin lettré, convaincu par espoir effectif, une panacée, un nouvel ordre des justes, il n'était pas dans la dénégation gratuite, stérile et orientée. Il était bon. Un pur bonheur. Cette sagesse. D'un Obi-Wan-Kenobi, un Jedi, ce preux chevalier interstellaire de « Stars War ». Et ce, pour décrire, ce personnage, Said Hilmi. Fidèle lecteur d'El Watan, il n'hésitait pas à nous appeler pour corriger ceci et rectifier cela. Une fois il s'était insurgé contre un cinéaste qui avait attaqué à la hussarde et gratuitement à El Watan. Nous l'avions convaincu et confirmé qu'on ne pouvait censurer un artiste algérien et de surcroît réalisateur. C'est le postulat de la démocratie, liberté d'expression et déontologie. La dernière fois où nous l'avions croisé. C'était lors du Festival culturel national du théâtre professionnel s'étant déroulé du 11 au 21 mars 2021 au Théâtre national algérien (TNA), et plus précisément au fameux café Tantonville, à Alger. Une preuve qu'il ne pouvait renier ses premières amours, ses origines, les tréteaux. Fils d'Azzefoun Saidi Hilmi , né en 1939 à Azeffoun, était issu du monde du 4e Art car il avait fait résonner les planches du Théâtre national algérien (TNA) sous la direction du grand Mahieddine Bachtarzi et du petit écran car il était une figure familière de la télévision notamment à l'époque du noir et blanc. Mais il brillait par un jeu de rôles , haut et en couleur, pas du tout secondaires. Aussi bien dans ceux dramatiques et hilarants ayant fait décoincer les zygomatiques des téléspectateurs. Dans les comédies musicales, les sketches même en tamazight de la fratrie « Hilmi ». Il avait animé aussi des émissions enfantines sous la férule de de Mme Laffache. Coup d »essai » littéraire Parmi les films où il a joué , on peut citer « Ali au pays des mirages », « Le Moulin de M. Fabre » dont le réalisateur est Ahmed Rachedi, » Beur, Blanc, Rouge » de Mahmoud Zemmouri, « Zone interdite » d'Ahmed Lallem, » Di Ou La Khali », » Le gros lot », » El Ouelf Saib ». Sa dernière apparition dans un film fut dans « Karim Belkacem » sous la direction de son cinéaste fétiche Ahmed Rachedi( » L'Opium et Bâton « , » Lotfi », « Les Septs ramparts »…). Le regretté Said Hilmi était aussi écrivain. Il était auteur d'un ouvrage autobiographique- mêlant souvenirs, témoignages, anecdotes avec El Hadj M'hamed El Anka, Larbi Zekkal, Rouiched, Mohamed Lamari, Slimane Azem, ou encore la regrettée Yasmina-, Intitulé « Une plume qui délire » paru aux éditions Dalimen en 2011. À propos de son « essai » littéraire, Said Hilmi lâchera avec modestie et honnêtement: » je m'adresse dans ce livre à tous les romanciers algériens vivants ou disparus tel Rachid Mimouni, Mohamed Did, Mouloud Feraoun, Mouloud Mammeri… veuillez m'excuser d'agresser votre honorable métier. Je ne suis pas romancier ni écrivain. J'en appelle à votre sagesse de vos lettres. Peut-être qu'alors que je serais pardonné d'avoir osé toute prétention mise à part… ». Evoquant Azzefoun, Said Hilmi, confiera: » Azzefoun, mon village natal. Où j'ai un lien familial, ombilical, amical et géographique. Je suis « giflé » par la beauté du paysage et la nature d'Azzefoun. Ses habitants envient ma réussite, mais moi, je les envie encore plus. Et je reviens à la poésie de Si M'hand U M'hand… » K. Smail Advertisements