Pendant que la vieille dame enterre ses proches, nettoie son verger brûlé et enfouit ses animaux morts, priant en silence pour que tout s'apaise et repousse, les gens ils disent. Pendant que la famille de Djamel Bensmaïl tente difficilement de retrouver une vie normale, les gens ils disent. Quoi ? Ils disent la colère, la vengeance et la haine, certains d'entre eux ayant déjà été arrêtés par la police, ce qui va certainement en calmer d'autres. Mais comment est-on passés d'un formidable élan de solidarité nationale muet et digne à une envolée bruyante et indigne de discours racistes et violents comme on n'en a jamais vus ? Par le meurtre collectif du jeune Djamel qui a tout fait basculer et mis les choses à l'envers, beaucoup d'ailleurs se plaignant qu'on fasse toute une montagne d'un seul meurtre, alors que 160 pauvres victimes n'ont pas eu le même traitement. Oui, c'est injuste, sauf que pour l'instant, à part les gens qui disent, il n'y a pas de preuves que l'Etat se soit froidement réuni dans un bureau climatisé pour décider de brûler 160 personnes, ou comme l'explique le communiqué du MAK signé de Ferhat Mehenni, qu'on peut encore lire sur le site Siwel, que tout est arrivé par le régime qui a libéré 30 prisonniers en échange de leur participation aux incendies en Kabylie. Les gens ils disent, et on se demande aussi sur quelles bases le Président et le Premier ministre ont déclaré que les incendies étaient criminels et sur quelles bases le Haut Comité de sécurité, qui réunit les plus hauts experts civils et militaires, a déclaré que ce sont le MAK et Rachad qui en sont les auteurs. Les gens ils disent, mais que dire à la famille de Djamel qui aimerait bien que la vérité soit établie, quand on sait qu'au pays des incertitudes, on est sûrs à 100% au moins d'une chose, ce n'est pas la nature qui a tué leur fils. Une partie des accusés ont d'ailleurs été entendus par la justice hier. Qu'ont-ils dit ? On ne le sait pas encore, mais les gens ils disent. Les vidéos elles montrent. Advertisements
