Tous les maux sociaux semblent s'être donné rendez-vous en ce lieu: pas d'AEP, pas de gaz de ville,pas de réseau d'évacuation des eaux usées, pas d'électricité, rien, sinon, la désolation. A la sortie Est de Biskra, à quelques encablures de la route de Sidi Okba, au lieudit Chaâbet Roba, bien cachées aux regards de tous, sept familles, soit une cinquantaine d'individus, dont une majorité d'enfants, vivent depuis des années dans des conditions indescriptibles et intolérables. Leurs logements, un ensemble de gîtes de fortune plus que précaires, faits de bric-à-brac; sections de tronc de palmiers, palmes sèches (Jrid), plaques de bois et de métal, films en plastiques et bouts de ficelle, risquent à tous moments d'être emportés par une bourrasque ou détruit par une forte pluie, a-t-on constaté de visu après que des chefs de familles de cette petite communauté de «misérables des temps modernes» a pris contact avec le journal. Tous les maux sociaux semblent s'être donnés rendez-vous en ce lieu. Pauvreté, analphabétisme, sous-alimentation, maladies, chômage et promiscuité sociale y sont prégnants. Les adultes triment chaque jour au marché de gros des fruits et des légumes de Feliache comme manutentionnaires et hommes de peine. D'autres se sont improvisés ramasseurs de déchets ferreux, de papier et de carton et d'objets hétéroclites en matière plastique qu'ils revendent au kilo afin de subvenir aux besoins des leurs. Les enfants doivent parcourir plus de 4 km pour rejoindre leurs écoles. Le chemin y est périlleux car de nombreux chiens errants les menacent. Il y a environ deux mois, une fillette âgée de 8 ans est décédée des suites d'une piqûre de scorpion. Beaucoup de ces bambins souffrent d'infections pulmonaires et de malnutrition. C'est à eux que revient la corvée de ramener de lourds jerricans d'eau de la route nationale où ils vont attendre le passage aléatoire d'un camion citerne. Evidemment, ici, pas d'AEP, pas de gaz de ville, ni de réseau d'évacuation des eaux usées, pas de raccordement au réseau de distribution d'électricité. Seuls deux ou trois taudis, bénéficient de cette énergie indispensable par le biais de voisins, situés à quelques centaines de mètres de ce bidonville, qui ont bien voulu leurs passer un câble électrique pour les dépanner en attendant des jours meilleurs. Depuis 15 ans, nous a-t-on affirmé, plusieurs commissions d'enquêtes sont venues se rendre compte de l'état déplorable dans lequel se débattent ces gens, mais aucune de ces visites n'a jamais été suivie d'effets positifs pour ces personnes, végétant dans un quasi dénuement. Les logements sociaux et autres mesures d'aide et de soutien aux populations défavorisées qui sont en principe destinés à ce genre de population, ils n'y rêvent même pas. Ils ne savent rien des arcanes de l'administration. «Nous sommes nés ici et nous avons hérité de nos parents ces refuges inhabitables mais nous n'avons personne pour parler de nous et défendre notre cause auprès des autorités locales.», dira l'un d'entre eux. Les planches vermoulues faisant office de portes d'entrées de ces maisons dont ils n'ont que le nom, sont numérotées. Ce sont des inscriptions portées par les services municipaux de recensement des habitats précaires. C'est dire que l'administration est tout à fait au courant de l'existence de ces gens qu'il est nécessaire et urgent de sortir de ces gourbis insalubres car hommes, femmes et enfants y sont véritablement en danger de mort.