Hogra (éditions Dar El Gharb) et son auteur, notre collègue journaliste, dramaturge et auteur, Bouziane Benachour, étaient les invités du dernier café littéraire de la Bibliothèque nationale du Hamma à Alger, hier après-midi. Le directeur de cette institution, Amine Zaoui, présente le roman comme étant le plus marquant de l'auteur : « C'est un roman de volonté, sans tabous, mais écrit avec beaucoup d'innocence. Avec humour aussi, le point le plus fort pour un Algérien qui doit faire face aux mauvais sort. » Pour Amine Zaoui, Hogra est écrit avec l'œil d'un dramaturge, d'où le fait que dans son écriture, l'auteur n'est pas un simple spectateur, mais un membre actif dans les scènes. Bouziane Benachour, pour sa part, se dit être « un apprenti écrivain », plus proche du théâtre que de la littérature. C'est pourtant cette association de professions qui lui donne un style particulier. « Simple, sans fioritures, avec des tournures populaires et un rythme théâtral », décrit-il son écriture. Hogra est la chronique d'un quartier périphérique d'Oran. Une chronique faite par la voix d'un comédien tout juste retraité de l'Opéra d'Oran, qui est témoin de la fin d'une époque et du début d'une autre. Ce troisième roman de Bouziane Benachour clôture une sorte de trilogie qui se veut une thérapie autant qu'un témoignage. Si 10 Ans de solitude (2002) et Sentinelle oubliée (2004) plongent entièrement dans la décennie de terrorisme, vécue par les Algériens, Hogra est l'après-terrorisme, alors qu'on émerge d'une époque pour immerger dans une autre. Le titre, quasiment intraduisible dans la langue de Molière, est pourtant bien connu chez nous et « bien » ressenti. « Humiliation, injustice, exclusion ou brimade », aurait très bien pu être son intitulé, à l'image de la vie de flan et feltan, dont le sentiment profond se résume souvent à ces quatre vocables.
