Nul n'est prophète en son pays. Le proverbe sied à merveille à Mohand Amokrane Haddadi, entraîneur kabyle d'athlétisme qui fait parler de lui en Europe. Méconnu en Algérie, ce jeune technicien de 48 ans, originaire de Djemaâ Saharidj (Tizi Ouzou), a façonné une génération d'athlètes de renommée mondiale au sein du club de la banlieue parisienne, l'AC Bobigny, où il évolue depuis 10 ans comme entraîneur, spécialiste en sprint (100, 200 et 400 m). En l'espace de quelques années, ce diplômé de l'ISTS de Dély Ibrahim d'Alger et de l'université de Paris V STAPS aura réussi à se faire une place parmi les grands coaches de la discipline dans l'Hexagone. La recette magique ? L'amour du travail bien fait, des efforts de longue haleine et une rigueur de meneur d'hommes enviable. A la ligne d'arrivée, des résultats probants et des médailles en projet. Haddadi est l'entraîneur attitré de l'international d'athlétisme Oudéré Kankarafou, d'origine togolaise, l'un des six mousquetaires du relais 4x100 m français, sacré champion du monde à Helsinki (2005), médaillé de bronze (premier relayeur) du 4x100 m aux côtés de Ronald Pognon, Fabrice Calligny et David Alerte aux championnats d'Europe d'athlétisme de 2006 à Göteborg (Suède). Ses trois autres poulains sont les internationaux Abderahim El Hanzy, Calligny Fabrice et, dans le passé, Alexander Gomes, Larry Barsine et Sissoko. Oudéré Kankarafou ne tarit pas d'éloges au sujet de son coach : «Mohand Haddadi est très soucieux de la personne qu'il a en face de lui. Même si avec moi il a réussi, il reste très modeste. Pour moi, c'est aussi un modèle (….) J'ai beaucoup progressé et même si je suis bon, lui c'est un vrai chef d'orchestre», reconnaît Kankarafou dans les colonnes du très sérieux journal français L'Equipe. Un coach pour l'Algérie Sous la houlette de son entraîneur, ce représentant du sprint tricolore, naturalisé en février 2005, a gravi les échelons. En dehors des entraînements au sein du club, Mohand Amokrane Haddadi est également préparateur physique individuel en tennis et en football. Il se dit prêt à servir le sport algérien et plus particulièrement l'athlétisme si on venait à le solliciter. «Si je peux être utile, pourquoi pas ? Les athlètes algériens, toutes disciplines confondues, manquent cruellement de préparation physique. On ne peut pas faire un bon championnat de football sans une bonne condition physique». Revenant à l'athlétisme national, cet ancien coureur de 3000 m steeple dira : «L'Algérie dispose d'un réservoir de talents. Il y a de bons entraîneurs dans notre pays, malheureusement, les athlètes n'ont pas de moyens pour aller de l'avant dans leur carrière.» L'équipe nationale de football ? «Nous avons un problème de discipline. La pâte existe, mais il y a un manque de fermeté et de rigueur au sein de nos clubs en général. Un sportif doit être persévérant. Seul le travail paie.» La JS Kabylie ? «Ce n'est plus l'équipe d'antan, pépinière de jeunes talents. L'influence de l'argent dans nos clubs a fait que les joueurs ne se préoccupent pas beaucoup de leur rendement.» M. Haddadi tient au passage à souhaiter un bon retour à la compétition au défenseur de la JSK Saïd Belkalem. «Son club et l'équipe nationale ont besoin de ses services», dit-il. Nostalgie du bled oblige, Mohand Haddadi caresse le rêve de rentrer au bercail pour servir son pays.