Le wali de Constantine, Nourredine Bedoui, vient de consommer sa première année à la tête de l'exécutif. Une année dédiée au cercle vicieux du relogement et là, force est de constater, que le premier responsable de la wilaya aura enclenché le plus grand processus de relogement dans l'histoire de la ville. Théoriquement, faut-il le préciser ! De quelle manière? On recense, on sensibilise les comités de quartiers, on procède au tirage au sort et on attribue aux pensionnaires des bidonvilles et autres habitations précaires, des pré-contrats d'affectation. En fait, chaque postulant à un appartement est déjà …virtuellement relogé ! Il connaît également le numéro de son logement, le nombre de pièces et même le site où sera érigée sa nouvelle demeure. Ainsi, la population relogeable de près de 11 000 âmes, recensées à travers le territoire de la wilaya de Constantine, est en possession du fameux sésame d'entrée dans le monde des cubes. Mais, si un tel engagement renseigne sur la volonté des autorités locales d'établir une sorte de contrat de confiance avec cette frange défavorisée de la société, il n'en demeure pas moins que l'absence d'un programme calendaire sur le transfert effectif des personnes concernées commence à susciter moult interrogations et appréhensions. En effet, passée l'euphorie de la phase théorique de l'opération, l'absence de toute indication quant au lancement du recasement effectif inquiète, sachant qu'on laisse entendre que peu de logements sont disponibles à l'heure actuelle. L'on avance même que le transfert vers de nouvelles habitations pourrait s'étaler jusqu'en 2014. Cette «élasticité» dans l'exécution de ce programme participe à la confusion et ouvre, partant, la voie à toutes les voix en quête d'un meilleur sort, ce qui pourrait influer sur l'évolution de l'opération. Une crainte justifiable dans la mesure où, de nombreux sit-in ont été organisés devant le cabinet du wali. Les responsables locaux, pour leur part, n'ont trouvé que les promesses de recensement pour calmer les protestataires. A ce titre, il est patent qu'en optant pour le principe de pré-affectation, le wali ne devait probablement pas se douter qu'il allait ouvrir la boîte de Pandore. Les sollicitations fusent de partout et les officiels de la ville n'ont plus d'autres choix que d'accorder la priorité au dossier du relogement afin d'anticiper toute velléité contestataire. Même si pour cela ils se sont engagés dans une opération de «relogement théorique» pour absorber la colère de la population des bidonvilles.
