La violence dans les stades ? Voilà un phénomène qui traduit le mieux le mal algérien. Il y a lieu d'avoir honte devant cette image détestable d'un jeune qui jette sauvagement une caméra de la télévision du haut de la tribune du stade du 5 Juillet. Cet individu ne pouvait pas trouver une aussi pire façon de vendre la destination Algérie à l'étranger. Aucun discours politique triomphaliste, aucune publicité touristique ne peut effacer des mémoires ce geste vilain, vache et voyou qui a fait le tour du monde en quelques heures. Les Algériens, scotchés au petit écran, étaient horrifiés de suivre en live cette séquence de film d'horreur alors qu'il attendait la deuxième mi-temps d'un match de foot. La «bien-pensance» va nous seriner une nouvelle fois que ce phénomène est mondial comme l'est aussi le terrorisme et que, par conséquent, il n'y a pas de quoi s'alarmer. Sur ce plan, force est de reconnaître que les autorités algériennes méritent qu'on leur décerne une médaille du fair-play… Ces bandes d'agresseurs qui écument nos stades depuis des années bénéficient d'un incroyable laxisme. Le complexe du 5 Juillet, unique «fierté» infrastructurelle du foot national, a eu à subir à plusieurs reprises la furia des ultras. Les sièges ont été rageusement arrachés et balancés en direction de la pelouse. Et que font les autorités ? Elles débloquent l'argent pour réparer les dégâts, ferment momentanément le stade en attendant une prochaine razzia des casseurs qui reviennent impunément sur les lieux du crime ! Ce cycle infernal est intenable. On aura tout vu dans nos stades, sauf le foot. Les enceintes sportives sont devenues des tribunes d'expression des pires violences. La conjonction du mal-être social au sein de la cellule familiale et l'incompétence des autorités à les prendre en charge ont produit des jeunes explosifs pour qui le stade sert d'exutoire pour éructer une rage refoulée. Il ne s'agit pas là de justifier ces actes répréhensibles par un quelconque déterminisme social au nom duquel on devrait agiter le drapeau blanc. La violence dans les stades est certes consubstantielle à la violence sociale tout court qui a succédé à la décennie noire. Mais la responsabilité du gouvernement et de toutes les autorités du pays est pleinement engagée dès lors qu'elles ont échoué dans l'endiguement du phénomène. La fédération de Raouraoua, qui a institué le huis clos pour punir les casseurs – et priver les spectateurs ! – devra faire un effort d'imagination pour trouver une solution. La violence dans les stades n'est pas seulement une affaire de policiers armés de matraques et de boucliers pour engager des corps à corps. Ce n'est pas non plus avec des séminaires budgétivores et autres colloques bidon qu'on pourra calmer des jeunes en éruption. Le constat est frappant : l'échec des autorités à mettre fin à la violence dans les stades est inversement proportionnel à leur succès à mater les manifestations sociales et politiques pacifiques… Il est vrai que les promoteurs de ces dernières initiatives ne rendent pas les coups. Toute la question est là.