Dans son fauteuil roulant, le vainqueur du Grand Prix International URTI de la Radio 2012, Yazid Aït-Hamadouche, informé du palmarès de la 24e édition, s'est rendu à la station de la radio régionale de Tipasa pour visiter (ziara, ndlr) ce lieu dans lequel s'est réuni le jury de l'URTI, qui avait décidé des résultats de ce concours. Malheureusement, les concepteurs du bâtiment de la radio locale de Tipasa n'avaient même pas prévu les accès pour les handicapés. Il aura fallu réunir des personnes pour transporter le lauréat depuis le rez-de-chaussée jusqu'à la tour, qui se trouve au-dessus du 2e étage du bâtiment. Profitant de sa «ziara» à la radio de Tipasa, Yazid Aït-Hamadouche a répondu spontanément à nos questions. -Quel est votre sentiment à présent, sachant que vous venez de remporter le Grand Prix International URTI de la radio ? Sincèrement, c'est un honneur pour moi, en remportant un prix aussi prestigieux que celui de l'URTI. Ce sera très bénéfique pour ma carrière à la radio, à la Chaîne III. Sachez que j'ai représenté l'Algérie à ce concours avec mon compagnon Salim Berkoun. Une reconnaissance de l'URTI, ce n'est pas rien pour le reste de ma carrière. J'avais participé déjà à deux précédentes éditions. -Quel est votre projet immédiat après ce succès ? Mon projet, c'est d'abord de continuer le métier que je fais, à savoir la radio. C'est ma raison de vivre. Je continue à faire l'émission «Serial Tagguer», toujours à la recherche des jeunes talents. Je continue à exercer à la radio en qualité de chef de département à la Chaîne III, et d'aller plus loin, en dépassant les limites. -Après avoir écouté votre document sur l'amour, j'ai ressenti la maîtrise technique, la richesse des effets sonores et la qualité du texte. Yazid dans tout cela, c'est quoi ? La radio est un monde du son à part. Nous pouvons nous permettre des folies. Les sons de la radio poussent les auditeurs à l'imagination. Il n'existe pas de barrières. Nous poussons les limites. Etant réalisateur à la radio, j'essaye de créer un univers sonore particulier. Je veux plonger l'auditeur dans un monde irréel quand il ferme ses yeux. C'est vrai que j'essaye de donner une vie à certains textes, à certains concepts, donner un relief à tous les projets. En participant à ce concours de l'URTI, je voulais présenter une émission originale sur l'amour, compte tenu de la complexité du thème. Salim Berkoun et moi-même avons choisi la dérision et l'humour pour parler de l'amour. Cela a surpris ceux qui avaient écouté notre sujet. -Nombreux sont nos lecteurs qui ignorent que vous êtes un handicapé et que vous vous déplacez à l'aide d'un fauteuil roulant. Quel est le message que vous voulez transmettre aux jeunes qui se trouvent dans la même situation que vous ? Pour beaucoup de personnes, être dans une situation de handicap, c'est vivre dans une situation de faiblesse. Il faut avoir justement cette intelligence pour transformer ce handicap en une force. Le handicap pour moi n'a jamais été un obstacle qui m'empêchait de réaliser ce que je voulais faire. Au contraire, il m'a poussé à aller au-delà. Je suis passé par toutes les étapes de ma scolarité jusqu'à l'obtention de mon diplôme d'ingénieur d'Etat en informatique. A travers mon métier aujourd'hui, je donne du sourire à des milliers de personnes, j'encourage les jeunes dans la création, et je remporte des prix. Le handicapé est en mesure de faire des miracles. Je vous rappelle que mon handicap est le résultat d'une maladie qui avait été mal prise en charge depuis que j'avais huit ans. -Vous avez été absent lors de la cérémonie de remise des prix qui avait eu lieu à Paris. Votre commentaire... J'ai oublié de vous dire que je suis originaire de Tizi Ouzou, mais natif de Hadjout (rires).Mes parents sont venus passer leurs vacances au CET à Tipasa. Ma mère se plaignait des douleurs. Mon père a aussitôt évacué ma maman vers l'hôpital de Hadjout. Yazid est venu au monde dans ces conditions, tout près de Tipasa. Un signe du destin. Bien entendu, j'aurais aimé être présent le jeudi dernier à Paris pour recevoir mon prix. Cela m'aurait fait plaisir. J'étais contraint de rester ici à Alger, pour des considérations qui me dépassent. Mais le plus important, c'est la victoire et j'ai fait honneur à mon pays, alors que nous célébrons le cinquantième anniversaire de l'Indépendance. Néanmoins, je me console, du moment que Salim Berkoun, étudiant en audiovisuel à Paris se trouvait sur les lieux au moment de la remise de la médaille d'or.