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Anatolie, allégorie
la compagnie fire of Anatolia en Algérie
Publié dans El Watan le 29 - 12 - 2012

La contrefaçon est, hélas, un indice probant de réussite. Elle sévit depuis longtemps dans l'art avec les faux tableaux notamment.
Qui aurait pensé qu'elle toucherait aussi les spectacles de danse comme «West Side Story» qui aurait subi de nombreuses falsifications ? C'est ce qui semble être arrivé aussi à Fire of Anatolia, célèbre compagnie turque que l'Algérie reçoit en cette fin d'année. Au point où elle a dû mettre sur son site l'avertissement suivant : «Si sur l'affiche ne figurent pas le nom de Mustafa Erdoğan et le logo Fire of Anatolia, ce n'est pas le vrai Fire of Anatolia ni le vrai Sultans of the dance.» Cela suffira-t-il à arrêter les imitateurs ? On peut en douter mais, en tout cas, les mentions obligatoires figurent bien sur l'affiche de l'organisateur algérien, l'Office national de culture et d'information (ONCI ).
Programmé avant-hier à Tizi Ouzou, au théâtre régional Kateb Yacine, le spectacle gagne la capitale demain et après-demain pour clore en beauté l'année 2012 au cours de laquelle l'Algérie indépendante a parcouru un demi-siècle.
Comme toutes les grandes compagnies de théâtre ou de danse, un homme ou une femme se trouve derrière leur création, ce qui explique pourquoi le label Fire of Anatolia est lié au nom de Mustafa Erdoğan.
Un parcours singulier que le sien dont le cursus ne menait pas à priori à la chorégraphie. Né en 1965 à Hakkari, petite ville de l'Anatolie orientale où les Kurdes sont nombreux, il a étudié d'abord la philosophie et le management, deux domaines éloignés de la carrière artistique qu'il a accomplie. C'est donc par passion personnelle pour la danse qu'il a été amené à étudier le riche folklore local de l'Anatolie. Durant ses études, il a constitué de nombreux groupes de danse estudiantins, notamment la compagnie de danse folklorique de l'université de Hacettepe qu'il a créée en 1985, soit à l'âge de vingt ans. Il s'est appliqué à mener des recherches sur le patrimoine chorégraphique de plusieurs régions de son pays : l'Artvin, l'Aydin, l'Adryamane, le Bidis, le Diyarkabir, l'Erdine, le Ganziantep, le Hakkari, le Mugla et le Van.
Ces contrées de la Turquie profonde sont porteuses de patrimoines exceptionnels où se sont brassées, au cours des siècles, de nombreuses cultures et civilisations, produisant des mélanges remarquables d'expression, encore vivants de nos jours. Mustapha Erdoğan ne s'est pas contenté d'étudier puisque son travail de recherche s'est toujours accompagné d'une action créative. Il a su créer entre les deux une rare synergie, allant de la pratique à la théorie et inversement. Cette démarche a porté très tôt ses fruits puisque les premières troupes estudiantines qu'il a créées dans les années quatre-vingt se sont distinguées lors des festivals nationaux et internationaux glanant plusieurs prix. A partir de 1997, il va capitaliser son expérience en rejoignant l'université de Bilkent où il étudiera les danses folkloriques turques. Ses investigations de terrain donnent lieu à de nombreuses publications scientifiques comme à des travaux de vulgarisation.
Il réalise un important travail de documentation et d'analyse, identifiant les différentes danses du terroir anatolien, notifiant leurs rythmes, figures, gestes et mouvements et jetant les bases de sa future compagnie.Cette œuvre considérable de défrichement menée de pair avec l'activité artistique lui permet de travailler également en tant que chorégraphe attitré d'un théâtre, le Istambul Gül Düsündürü et d'un lieu culturel comme le Besilus Kütrür Mekezi (centre culturel Beiskras). Il est alors convaincu que les groupes de danse ne peuvent évoluer que dans un cadre institutionnel. L'année 1999 marque un tournant dans la carrière de Mustapha Erdoğan. C'est le moment où il crée la compagnie Sultans of dance, ancêtre de Fire of Anatolia.
Dans ce parcours, un élément mérite d'être noté. Le premier est relatif au contexte culturel de la Turquie où les universités jouent un très grand rôle dans le développement de la culture et des arts. Plusieurs d'entre elles, d'ailleurs, possèdent leurs propres musées, théâtres et salles de cinéma qui rayonnent au-delà du cadre universitaire et se situent souvent en dehors des campus, accessibles à tous les publics. Il ne s'agit pas d'une simple animation culturelle destinée à agrémenter la vie universitaire mais d'entreprises culturelles de dimension nationale et parfois internationale. C'est ce qui explique que Mustapha Erdoğan ait pu construire son action à partir des universités qu'il a fréquentées et, de là, bâtir une véritable institution culturelle indépendante. Ses premières études lui ont certainement servi, car il a su, avec la philosophie, étendre sa vision du monde et son sens de la réflexion pour donner de la profondeur à ses spectacles et, avec le management, apporter à son action la rationalité d'une gestion impeccable et un sens achevé du marketing culturel.
Il a fait de Fire of Anatolia (en turc Anadolu Atesi) l'une des plus grandes troupes au monde du genre, selon lui la troisième, en référence peut-être à «Riverdance» et «Lords of the dance». Sa compagnie est en effet une extraordinaire machine artistique, impressionnante sur scène et remarquable en travail de préparation et de coulisses.
Elle est composée de 70 à 120 danseurs et danseuses, mais c'est généralement sur les très grandes scènes qu'elle présente la totalité de son effectif (on ignore quel format a été retenu pour Alger, mais au vu des scènes d'accueil, ce serait plutôt l'option minima, déjà importante). Tous les artistes de la compagnie ont été sélectionnés sur le volet. Lors de la création de Sultans of dance en 1999, Mustapha Erdoğan avait publié des annonces dans la presse et auditionné 750 candidats pour n'en retenir que 90. En plus de ce corps de ballet, la troupe emploie de nombreux chorégraphes, répétiteurs, musiciens, costumiers, accessoiristes, maquilleurs, techniciens et administratifs.
C'est une véritable entreprise artistique de dimension nationale et d'envergure internationale et son créateur, administrateur et directeur artistique, est une star en Turquie où il fait aussi bien la une des informations culturelle que la couverture des revues people.
Fire of Anatolia a fait plusieurs fois le tour du monde pour se produire dans près de 90 pays et devant un auditoire global estimé à environ 20 millions de personnes, depuis les Etats-Unis jusqu'au Japon.
Dans le monde arabe, elle est déjà passée en Tunisie (en 2010, pour la 46e édition du Festival de Carthage), au Qatar, au Maroc (en juillet de cette année au Festival Mawazzine, Rythmes du monde) et en Egypte où elle a donné un spectacle mémorable au pied des Pyramides. Là où elle est passée, Fire of Anatolia a soulevé l'enthousiasme des publics, transcendant les différences de langues, de cultures et de religions, grâce à l'universalité du langage de la danse, mais aussi grâce à l'universalisme de son propos.
La compagnie est devenue une ambassade itinérante de la Turquie, soulignant partout la richesse culturelle de ce pays ainsi que son dynamisme global de nation émergente.
Récemment, la compagnie a présenté un spectacle sur la légende de Troie. L'évènement a eu lieu en octobre 2012 dans le mythique hall évènementiel Etias Arena de Hasselt, en Belgique, lequel, avec ses 14 000 m² de surface, sa jauge de 16 000 places assises ou de 21 000 places debout, est un véritable temple moderne de l'art.
Qu'une compagnie turque mette en scène cet épisode éminent de la mythologie grecque a dû couper le souffle à certains esprits chagrins incapables d'imaginer une telle perspective culturelle et historique. Et certains l'ont pris comme un nouveau message de la Turquie dans sa démarche européenne, après «Istambul 2010, capitale de la culture européenne».
Cependant, le spectacle «habituel» de la compagnie, celui qui a été invité en Algérie, est celui qui porte son nom, Fire of Anatolia, une fresque grandiose sur le cœur de l'Asie mineure. S'appuyant sur l'héritage des danses populaires de cette région que Mustapha Erdoğan connaît à la perfection, la chorégraphie y mêle des éléments contemporains, à l'image de son contenu où tradition et modernité sont mis en scène. On y découvre l'Anatolie (dont le nom vient du grec, anatolé, Orient) depuis la préhistoire en remontant vers l'extraordinaire confluence de civilisations qui l'a suivie. Là se sont croisés et installés les Hittites, les Grecs, les Arméniens, les Perses, les Galates d'origine celtique, les Romains, les Byzantins, les Ottomans, pour ne citer que ceux-ci.
En exprimant ce formidable melting-pot, Fire of Anatoliadevient une allégorie dansée de l'évolution historique et artistique de toute l'humanité, servie par un éblouissement de mouvements, de rythmes, de couleurs, de lumière et de grâce. Un grand rendez-vous d'émotion et de beauté.

Points de vente : salles Atlas et El Mougar. Prix du billet non communiqué.


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