«Les femmes et les filles sont victimes de discrimination depuis trop longtemps à cause d'une interprétation faussée de la parole de Dieu. Toute ma vie, j'ai été un chrétien pratiquant… Tout comme des millions d'autres personnes dans le monde entier, je trouve dans ma foi une source de force et de réconfort. Ma décision de quitter la Convention baptiste du Sud, dont je faisais partie depuis une soixantaine d'années, a donc été douloureuse et difficile. Elle est cependant devenue inévitable pour moi lorsque les dirigeants de la Convention, citant quelques versets de la Bible soigneusement choisis et affirmant qu'Eve a été créée après Adam et qu'elle était responsable du péché originel, ont édicté que les femmes devaient être “soumises“ à leur mari.» Ces paroles ne sont pas d'une chrétienne progressiste, encore moins d'une féministe. C'est Jimmy Carter, président des Etats-Unis de 1977 à 1981, qui a fait cette belle déclaration… J'ai toujours pensé que la position juste des croyants et pratiquants énoncée clairement et publiquement ferait avancer la question des femmes, comme d'autres questions qui touchent à la pratique de l'islam. En particulier la liberté de conscience. Ceux-là qui s'offusquent quand nous critiquons les positions de l'orthodoxie musulmane sur certaines questions (les femmes, la sexualité, la soumission, le Ramadhan, l'apostasie, la lapidation), quand nous dénonçons les abus qu'elles entraînent et qui nous disent que l'islam ce n'est pas ça, devraient écouter Jimmy Carter avec attention. Les excès que je viens de mentionner n'expliquent pas entièrement, mais ont sans doute renforcé les convictions d'athéisme qui s'expriment de plus en plus dans le monde musulman. Surtout chez les jeunes. Ce monde musulman n'est pas spécifique, il obéit comme les autres (chrétien et hébraïque) aux mêmes règles, et le temps fera son ouvrage. Aussi impétueuse et violente qu'est notre jeunesse, aussi subversif qu'est le président Jimmy Carter, ni les uns ni lui n'atteindront la virulence d'Abû Bakr Razi (864-924) contre le monothéisme. Ceci nous rappelle que la tradition culturelle islamique a connu des esprits libres comme la culture chrétienne et hébraïque. Elle ne saurait rester en marge de l'histoire.