Les initiatives et les appels en faveur du retour de la diaspora algérienne se font de plus en plus nombreux. Ils émanent d'associations, de réseaux, ou de cabinets d'affaires. Ils sont parfois individuels. Mais quels échos pour ces appels qui interviennent dans une période où le pays cherche à construire une économie productive basée sur le transfert de technologies ? Certains ont eu le courage de rentrer au pays et de lancer leurs projets, alors que d'autres hésitent encore à le faire en raison de l'instabilité du cadre juridique régissant l'investissement en Algérie. Les expériences sont en effet rares dans ce cadre. Parallèlement, il y a ceux qui ont pris la décision d'aller carrément investir outre-mer, à l'image d'Issad Rebrab, patron de Cevital. Si le choix semble clair pour ceux qui sont intéressés par les affaires à l'étranger, pour ceux qui nourrissent de plus en plus d'ambition vis-à-vis de leur pays d'origine, ce n'est pas toujours facile de prendre la décision. Et pour cause, le chemin à parcourir est long en dépit de l'accompagnement assuré par les associations activant dans ce créneau. C'est le cas en France, en Angleterre, au Canada, aux USA et dans bien d'autres pays où les algériens partis initialement pour poursuivre leurs études supérieures sont fortement présents dans tous les secteurs. Il y a d'abord le travail de sensibilisation qui se fait à travers les différentes rencontres organisées par l'Association internationale de la diaspora algérienne (AIDA), le Réseau des Algériens diplômés des grandes écoles de France (RéAGE), les représentations diplomatiques algériennes à l'étranger, le Conseil national économique et social et les organisations patronales. Il y a par la suite tout le processus à suivre pour la création d'entreprise. C'est à ce niveau surtout que se posent les difficultés avec les rouages de l'administration et tous les blocages du terrain qui tardent à se dissiper. Réage pour la diffusion d'informations fiables Chercheurs, médecins, industriels établis à l'étranger se plaignent souvent du manque d'encadrement juridique et d'absence de mode opératoire institutionnalisé. Cela pour dire que dans le contexte actuel, il est difficile d'arrimer les compétences nationales à la stratégie de développement national. La volonté à elle seule ne suffit pas pour faire venir la diaspora algérienne à travers les différentes initiatives comme celle de RéAGE la semaine dernière. Le réseau a en effet organisé ce 15 février un séminaire économique France-Algérie à trois objectifs : diffuser des informations fiables et utiles sur les opportunités et mesures incitatives de l'environnement économique de l'Algérie, valoriser ces informations avec des témoignages «concrets» d'entreprises ayant réussi en Algérie et, enfin, favoriser la création de liens entre les acteurs économiques issus de la communauté nationale en France avec le pays d'origine. De l'avis de Fateh Ouzzani, président de RéAGE, le temps est aux actions parce que «l'Algérie est à la fois un marché ‘‘solvable'', mais aussi une plate-forme industrielle à destination d'une région très importante et en émergence, et qui comprend l'Europe au Nord, l'Afrique, le Moyen-Orient, mais aussi des marchés de proximité à atteindre comme l'Amérique latine et la sous-région de l'Asie». Ce ne sont donc pas les atouts qui manquent. Des atouts accompagnés cependant d'entraves, comme le dit le président de la chambre de commerce et d'industrie algéro-française (CCIAF), Jean-Marie Pinel. Ce dernier affirme que les potentialités d'affaires sont bien présentes. M. Pinel notera toutefois «qu'évoluer en Algérie est, certes, parfois dur, mais on y aboutit toujours, avec un peu d'opiniâtreté.» D'où la nécessité d'assurer les conditions d'accueil et de concrétisation des idées innovantes de manière à se lancer effectivement dans une économie productive basée sur le savoir et la bonne gouvernance. Et de ne pas rester au stade des rencontres sans lendemains. Suivre les projets portés par les algériens d'outre-mer Justement, dans ce cadre, Mohamed Seghir Babès, président du CNES lors d'une «mission de proximité» en France (du 17 janvier au 4 février 2014), a souligné l'intérêt pour l'Algérie d'adopter dans les dix ans à venir «une politique affichée, institutionnelle avec la désignation d'acteurs préemptés et un échéancier très clair pour faire des projets portés par la communauté nationale à l'étranger des ‘‘succes stories''». Le CNES se propose même de suivre et d'évaluer les projets pour permettre à la diaspora de contribuer dans le lancement d'une économie fondée sur la connaissance (EFC) dont le programme est, faut-il le rappeler, en chantier depuis le premier mandat de Bouteflika.