Témoin de l'attachement de l'homme à sa terre et à son environnement, la Fête de « Aïn Slaâ, célébrée annuellement le septième jour du mois de juillet, par les villageois de Tizi Tghidhat, commune de Yakourène (50 km à l'est de la ville de Tizi Ouzou), reste un rituel écologique auquel la communauté paysanne tient depuis des temps immémoriaux. Jeudi dernier, aux premières lueurs du jour, sur les cimes perchées du massif forestier d'Ath Ghobri, encore imbibées de la brise marine, la place du village Tizi Tghidhat se transforme en poste opérationnel en préparation de l'œuvre. Aussitôt l'appel de présence effectué par les sages du village, les tâches sont réparties et les brigades vertes constituées. Fontaines, ruelles, accotements de routes, sentiers et placettes publiques sont pris d'assaut par des hommes robustes et aguerris à force de se mesurer, quotidiennement, à la taille de pierres et aux écorces rugueuses des chênes-lièges. Une œuvre de salubrité publique à laquelle nul ne saurait déroger au risque de se voir mis à l'index par les dépositaires des pratiques ancestrales mais séculaires. « Ce jour, nous aménageons et entretenons nos espaces collectifs pour un bien-être commun », nous dit Arezki, la trentaine passée, enseignant dans le secondaire et membre du comité du village. « Sans coercition vis-à-vis des réfractaires, nous tablons sur la persuasion pour amener nos concitoyens, notamment les plus jeunes, à perpétuer cette action collective. Il y va de la sauvegarde de nos traditions, de la solidarité et de la coexistence paisible avec la nature nourricière », précise-t-il. Avouant ignorer l'origine et l'étymologie même de cette fête, notre vis-à-vis souligne, néanmoins, que les objectifs restent bénéfiques pour le village. « Cette pratique vise aussi à faire place nette aux grandes chaleurs coutumières à pareille saison. Même les carcasses d'animaux, morts loin des regards, sont ramassées et mises en terre pour éviter tout fléau. Quant au désherbage, il prémunit les chaumières des feux de forêts », ajoute cet enseignant en insistant sur le respect de ce calendrier car « cela n'a rien à voir avec le volontariat ou la touiza que nous effectuons selon les conjonctures ». Et l'été n'en sera que plus beau !