Yazid Amor, la quarantaine, a vécu 20 ans en Espagne où il s'est spécialisé dans la restauration des sites historiques et la protection de l'environnement. Ingénieur de formation, son savoir-faire, il veut le concrétiser dans son pays d'origine, l'Algérie. Ainsi, il a créé à Blida une entreprise spécialisée dans la protection de l'environnement qui représente exclusivement un géant américain dans la bio ingénierie dans toute l'Afrique du Nord (http://global-eco-solutions.com/). Il évoque dans cette interview les menaces qui guettent l'environnement en Algérie et ce qu'il peut apporter comme solutions durables et efficaces. Il insiste sur une chose : «Tout peut être vert en Algérie.» -Après 20 ans d'exil, vous rentrez au bled et dans vos bagages des technologies révolutionnaires dont l'Algérie a besoin dans l'immédiat. En quoi consistent ces technologies et dans quels secteurs peut-on les utiliser ? Pour moi, c'est vraiment intéressant de faire profiter mon pays du savoir que j'ai acquis durant mon long séjour à l'étranger et d'apporter des solutions qui ont fait leurs preuves en Europe et dans les pays situés dans des zones sèches, comme les régions du Golfe, l'Australie ou le sud des USA. Mon projet consiste à mettre en place des «espaces horizons» verts et durables un peu partout en Algérie pour offrir un beau paysage aux Algériens. Ma technique contribue aussi à la stabilisation des sols, à la préservation des couches fertiles et freiner les glissements des terrain. Nous offrons la plus large gamme de l'industrie anti-érosion et des produits de contrôle des sédiments. -Donnez-nous plus de détails sur vos produits et comment les appliquer ? Nos produits sont purement naturels, composés de fibres de bois, 100% recyclés, 100% non toxiques, phyto-aseptisés, et portant des particules brevetées qui optimisent l'eau et les nutriments. Nous disposons d'autres produits à base de fibres de coco, de fibres biodégradables, synthétiques ondulées et entrecroisées, de biopolymères réticulés d'origine naturelle, et d'absorbants d'eau et des bio-stimulants des sols. Une fois le palis appliqué, il se lie profondément à la surface de la terre pour créer une couverture continue, poreuse, absorbante et flexible qui résiste à l'érosion et qui permet une germination rapide et une croissance accélérée des plantes. Et pour les pentes ardues et graduées, on place une couverture tridimensionnelle en plastique renforcée avec des fibres de polyester qui adhèrent à la végétation et prennent racine plus facilement avec des résultats meilleurs. L'application se fait à partir d'une machine à jet conçue pour cette technique. Et si les conditions sont favorables, on peut exécuter une superficie de 1 à 2 ha/jour. A partir de la deuxième semaine, le gazon apparaîtra et prendra sa forme un mois seulement après son application. -Ce qui veut dire que vous pouvez employer votre technique sur n'importe quelle surface, même accidentée ? Oui, mais avant d'entamer l'application de nos produits, on procède à des analyses du sol. A partir des résultats et en tenant compte des données climatiques de la zone et l'utilité de l'espace, on injecte les semences appropriées. Cette solution de haute performance est brevetée. Des études ont prouvé qu'elle peut assurer efficacement le contrôle de l'érosion. Elle peut être appliquée sur les pentes raides et remblais, les pentes des décharges, les bassins versants, des barrages et déversoirs, berges, rivages, fossés et digues. -Quel est votre constat général sur l'environnement en Algérie ? Depuis mon arrivée, j'ai sillonné presque tout le territoire. J'ai découvert que le pays est menacé de pollution et de dégradation environnementale. Il nécessite un «remède» en urgence pour éviter le grand désastre écologique. En dehors de la prolifération inquiétante des décharges sauvages et non contrôlées partout dans le pays, le problème de l'érosion et l'envasement pose aussi un sérieux problème à l'environnement. Le ministre des Ressources en eau, Hocine Necib, conscient de ce phénomène, a annoncé que des solutions durables doivent être apportées pour éviter le pire. Les résolutions apportées actuellement sont généralement palliatives, donc non durables et inefficaces. Les zones montagneuses sont menacées par une grave érosion et les spécialistes n'ont pas manqué de tirer la sonnette d'alarme. Ils estiment que 120 millions de tonnes de terre sont arrachées des montagnes à cause de l'érosion. 30 millions de mètres cubes/an atterrissent dans les barrages, créant ainsi le phénomène de l'envasement. Ces chiffres ont été communiqués par la Direction générale des forêts (DGF), le 11 décembre 2014, à l'occasion de la Journée internationale de la montagne. L'Algérie compte 70 barrages. Selon les spécialistes, une vingtaine de barrages au moins sont sérieusement touchés par le phénomène de l'envasement. Le désenvasement d'un barrage coûte parfois plus cher que la construction d'un nouveau barrage d'après les spécialistes en la matière, d'où l'urgence de mettre en place un programme en amont et en aval pour éradiquer ou au moins minimiser les nombreuses conséquences préjudiciables de l'envasement. -Dans quels secteurs vos solutions sont-elles utilisées ? Pour le secteur de l'hydraulique, nous intervenons sur le contrôle d'érosion et des sédiments en apposant une couverture végétale sur les versants afin d'éviter la pollution des eaux et la prolifération des bactéries. Sachant que les sédiments sont la principale cause de pollution des eaux. A travers notre technique, on peut minimiser les actuations de dragage dans les barrages, dont les coûts peuvent parfois égaler la construction d'un nouveau barrage. Pour l'agriculture, on crée en un laps de temps court des espaces verts qui protègent les terres fertiles et peuvent constituer des zones de pâturage. Cela peut se faire dans certaines parties du Sud. On peut même traiter la végétation des zones ravagées après un incendie de forêt pour éviter l'érosion. Concernant les travaux publics, on propose des solutions pour stabiliser le sol à travers une revégétalisation des talus afin d'éviter les glissements, l'éboulement ou le décrochage des talus sur les routes et autoroutes. Pour le transport, on a une invention consistant à mettre un gazon spécial dans les aéroports servant à réduire l'impact des oiseaux sur les pistes lors du décollage et atterrissage des avions. Aussi, l'ensemencement hydraulique permet de contrôler l'érosion des talus des voies ferrées ; en les stabilisant, on évitera ainsi l'effondrement des voies ou l'accumulation des pierres sur ces dernières. Dans ce domaine, nos techniques ont une grande importance pour la sécurité des vies humaines. Pour ce qui est du secteur de l'environnement, on possède un savoir-faire dans le traitement des décharges, en éliminant les odeurs et réduisant le lixiviat pour protéger les sols de la pollution, pour que les décharges puissent être opérationnelles le plus longtemps possible. Le sport n'est pas en reste. On peut réaliser des terrains de football, de golf ou tout type de terrain en gazon naturel avec une grande efficacité et en un temps record. Il faut dire aussi que toutes ces solutions sont synonymes d'un environnement sain. Donc, moins de maladies et de stress pour les citoyens. Voilà surtout des économies pour le secteur de la santé !
