François Hollande a annoncé mardi que la Tunisie sera présente au prochain G8 qui se tiendra en Allemagne à l'invitation de la chancelière Angela Merkel. La Tunisie espère... Pour la deuxième fois en quatre ans, la Tunisie est l'invitée du Sommet du G8. Le hasard a fait que c'est toujours Béji Caïd Essebsi qui représente la Tunisie. La première fois, à Deauville, en mai 2011, il était Premier ministre de la transition. BCE avait dit : «Il n'y a pas de ‘printemps arabe'. Il y a un début de printemps tunisien. Il y aura, peut-être, un printemps arabe un jour… lorsque le début du printemps tunisien se confirmera en Tunisie», interview du 4 février avec El Watan, Algérie. M. Béji précise dans la même interview : «A l'époque, ce n'était pas encore confirmé. Maintenant, nous avons fait, quand même, des pas en avant. C'est vrai que l'Europe s'est retournée maintenant vers la Tunisie après le succès de la démarche démocratique. Mais, jusqu'à maintenant, je n'ai pas vu un grand progrès.» La visite du président tunisien en France était dans cet objectif de faire démarrer une dynamique favorable à la Tunisie et à la hauteur des promesses faites par Obama, Merckel et Hollande. M. Béji a diplomatiquement déclaré : «Je n'ai pas vu un grand progrès», pour ne pas utiliser d'autres termes marquant la déception. Pour lui, «pour redresser la situation en Tunisie, on a besoin de beaucoup de soutien» et c'était le principal objectif de sa visite en France. Autre démarche En 2011, la Tunisie a présenté un plan de développement économique et social étalé sur cinq ans. «On nous a répondu favorablement. On nous a promis de nous soutenir à hauteur de 25 milliards de dollars», ajoute BCE. En d'autres termes, la Tunisie a rempli sa partie du contrat avec le G8, en réussissant sa transition politique. C'est aux pays du G8 de remplir la leur en accordant ces 25 milliards de dollars pour relancer l'économie tunisienne. En parallèle avec la démarche de la présidence de la République, le ministre des Finances, Slim Chaker, vient d'annoncer hier que la Tunisie organisera, en octobre prochain, un congrès économique international dans le but d'attirer des investissements d'une valeur de 10 milliards de dollars. Cette annonce a été faite en marge de la réunion annuelle des instances financières arabes au Koweït. Slim Chaker a donc confirmé une annonce attendue, puisque le congrès des bailleurs de fonds fait partie du programme économique et social de Nidaa Tounes. Toutefois, si l'initiative est inévitable, il est utile de bien la préparer pour qu'elle aboutisse à des résultats semblables à à la réunion tenue du 13 au 15 mars dernier à Charm El Cheikh, sur «l'avenir» de l'Egypte et qui a abouti à la signature de contrats d'investissement directs d'un montant de 36,2 milliards de dollars (70 milliards de dinars). Cette réussite mesure l'importance des soutiens internationaux dont bénéficie le président égyptien Abdelfattah Al Sissi. Par ailleurs, il ne faut surtout pas oublier que la Tunisie a organisé le 8 septembre 2014 une conférence dans le même objectif et qu'elle n'a abouti à rien de palpable. Intitulée «Investir en Tunisie : start-up democracy», cette rencontre internationale avait réuni 30 pays, une vingtaine d'institutions internationales et des dizaines d'entreprises privées. Elle s'était inscrit dans la logique de «ramener la confiance» dans ce pays dont l'économie a été éreintée par la révolution de 2011 et qui se targue d'être le seul «espoir» de succès du Printemps arabe. Leçons à retenir Pour ne pas rééditer le fiasco de septembre 2014, il est impératif de bien examiner pourquoi ladite conférence n'a pas abouti, bien qu'elle ait été coorganisée par la France et présidée par les Premiers ministres tunisien et français, Mehdi Jomaa et Manuel Valls. Déjà, l'approche «start-up democracy» ne semble pas attrayante pour les investisseurs. Le cas de l'Egypte le montre clairement, car elle a attiré les investisseurs malgré son échec en «Démocracy». Les sphères financières présentes à Sharm El Cheikh étant les mêmes que celles qui seront ciblées à Tunis. Pour l'instant, la Tunisie n'est même pas parvenue à reconvertir une bonne partie de ses dettes publiques en investissement. A titre d'exemple, la France n'a transformé que 60 millions d'euros sur un total d'un milliard d'euros de prêts publics français à la Tunisie. L'Allemagne et l'Italie ont également entamé une procédure identique, avec des montants symboliques. Cela prouve, d'abord, que le lobbying tunisien n'a pas encore fait ses preuves. Ensuite, les solides bailleurs de fonds ne misent pas vraiment sur la Tunisie. Enfin, il n'y a pas de décision politique de sauver ce pays, la Tunisie n'ayant pas de frontière avec Israël et encore moins d'armée pour envahir un quelconque pays désobéissant. Ce n'est pas du tout facile. Peut-être que sa nouvelle présence au G8 donnera le déclic attendu.