- Avez-vous accepté facilement ce rôle dans Voleur d'autobus ? C'est une très belle pièce, une intelligente métaphore sur l'Algérie actuelle et sur le monde arabe puisqu'à l'origine elle était écrite pour Le Caire. Le fait qu'il y ait le masculin et le féminin est important. Le féminin, je l'associe à ce qu'est l'Algérie et, probablement, à ce que sont les femmes dans le monde. Les femmes représentent la vie et font en sorte que la vie se perpétue. Que l'auteur fasse mourir Djamila, c'est conséquent. Est-ce que cela veut dire ? S'arrêter et regarder derrière soi, pour se demander ce qu'on a fait et continue à faire ! - La place de la femme est essentielle dans cette pièce, qu'en pensez-vous ? Elle tempère avec une grande conscience, c'est-à-dire que si elle ne tempère pas, c'est la catastrophe immédiate. Or, mon personnage de Djamila continue à avancer malgré le champ restreint. Elle a fait des études, mais de plus en plus on l'enferme dans l'inaction sociale. On ferme son visage, on va couvrir son corps. On ferme une moitié du monde. En même temps, elle dit qu'il y a des choses à faire, qu'il faut continuer. Elle donne l'espoir à travers l'enfant qu'elle laisse. Tout est prêt pour renaître différemment. Le drame c'est d'enlever l'espoir aux jeunes. - Pour vous c'est important de travailler dans des textes qui parlent d'Algérie ? Nouredine Maamar, Kheireddine Lardjam sont de jeunes gars qui sont vissés à l'Algérie, vissés sur le monde arabe, pas seulement l'Algérie, car on y est englobés dedans… Ils ont une vision autre que, par exemple, ceux qui ont vécu la guerre d'Algérie. Eux regardent vers l'extérieur, car l'Algérie doit regarder vers l'extérieur, parce que l'ailleurs nous ouvre. Moi, me prêter à ces gens-là, c'est enrichissant, j'ai joué Les Borgnes de Mustapha Benfoldil, un homme extrêmement brillant que j'ai rencontré. On se laisse emporter. Je suis heureuse d'appartenir à l'aventure qui est riche de possibles.