Les quatre-vingt ans révolus, le moudjahid Rachid Benzema se prête au quotidien, tout au long du Salon international du livre d'Alger, à des séances de vente-dédicace de son premier ouvrage, Mémoire vive, publié aux éditions El Dar El Othmania. L'allure altière, le regard vif et la mémoire indéfectible, le moudjahid s'est lancé dans le processus de l'écriture pour raconter, d'une part, certains pans de sa vie, et d'autre part, pour sensibiliser la jeunesse algérienne sur les dangers de l'émigration, notamment via la Méditerranée. Rachid Benzema est né le 22 décembre 1932 à Tighzert Ath Djellil, dans la wilaya de Béjaïa. Dans un style d'écriture des plus simples, l'auteur remonte loin dans le temps. Il convoque ses souvenirs pour venir conter, dans Mémoire vive, le long parcours d'un enfant de la Soummam pour la liberté et la dignité, quelques séquences de sa vie, notamment son enfance, son adolescence, son émigration, sa participation au combat ainsi que les arrestations et les pénibles séjours dans certaines prisons et camps de concentration, ajoutés à de douloureuses tortures. Pour rappel, en 1951, Rachid Benzema embarquait dans la cale d'un bateau vers l'exil, plus précisément en France. Il rejoint ses compatriotes, émigrés à Saint-Etienne. Dès lors, il entame une vie d'ouvrier dans les aciéries et forges de cette région. Les poussières d'acier incrustées dans ses poumons le forcent à renoncer à son emploi. Il arrive, tout de même, à gagner sa vie au tri postal de la grande gare de la Guillotière, à Lyon, ensuite dans une société des travaux de Saint-Etienne. En 1956, il décide de rejoindre les rangs du FLN à Saint-Etienne en participant à la mise en place de l'organisation dans la région. Avec une voix pleine de douceur, Rachid Benzema nous explique que s'il a mis une année pour préparer ce livre, pour laisser son témoignage, contribuer à l'écriture l'histoire et adresser par là même un message à la jeunesse algérienne : «C'est à eux que mon récit est dédié. Ce spectacle de jeunes dans des embarcations de fortune traversant la mer me rend malheureux et me met en colère. La fuite n'est pas une solution.» «Il faut que nos enfants pensent à faire leur situation dans leur pays. Ils ne seront jamais reçus à bras ouverts en Europe comme ils le pensent», conclut-il avec émotion. Il est à signaler qu'en plus de cette biographie bien menée, Rachid Benzema a illustré son roman de clichés en noir et blanc.