Salim Azzabi a été nommé hier à la tête du cabinet présidentiel en Tunisie, suite à la démission de Ridha Belhaj. Une décision surprise, si l'on souligne l'activité publique intense de Belhaj ces dernières semaines. Après d'intenses activités sur le front de la vie politique en Tunisie durant les dernières semaines, notamment pour préparer et suivre le congrès de Sousse de Nidaa Tounes, le chef du cabinet présidentiel, Ridha Belhaj, a annoncé hier sa démission. «J'ai décidé de prendre du répit, avant de revenir à la chose publique et l'action politique», a-t-il dit dans sa lettre de démission. C'est Salim Azzabi, secrétaire général à la présidence de la République, chargé de la coordination, qui prend la relève. Substitut d'un bon calibre si l'on juge par les missions qu'il a déjà assumées avec brio. Il était surtout le coordinateur exécutif de la campagne électorale de Béji Caïd Essebsi, tâche qu'il a assumée avec le succès connu de tous. Toutefois, les interrogations sont légitimes sur les raisons derrière ce changement qui semble précipité au sein du cabinet présidentiel. Les premières fuites n'ont commencé à filtrer que vendredi dernier bien qu'il ait été question, à plusieurs reprises dans les médias, de charger Ridha Belhaj de la direction exécutive de Nidaa Tounes. Mais une sortie, à la limite de la mise à la porte, n'avait été prévue par personne. Congrès de Sousse Les observateurs avertis reviennent au congrès de Sousse pour comprendre les dessous de cette décision. Nombreux sont ceux qui considèrent que Ridha Belhaj paie pour l'échec du congrès de Nidaa Tounes. Le politologue Slaheddine Jourchi rappelle que Ridha Belhaj fut parmi les principaux artisans du congrès de Sousse de Nidaa Tounes, les 9 et 10 janvier dernier. «Ce congrès est censé être la réunion de réconciliation au sein du premier parti à l'Assemblée, fondé par le président Béji Caïd Essebsi. Mais ce fut un fiasco, si l'on en juge par la démission de 27 membres du bloc parlementaire du parti qui en compte 86», insiste Jourchi. Plusieurs avaient, par ailleurs, prédit des sanctions de la part du président-fondateur Béji Caïd Essebsi suite à cet échec. Ridha Belhaj a déjà été cité comme un éventuel bouc émissaire. La crise survenue en Tunisie a pris, entre-temps, le devant de la scène. Pour faire oublier son échec de Sousse, Belhaj s'est activé au sein de la direction contestée de Nidaa Tounes et de la coordination des partis au pouvoir. Mais nul ne peut oublier que c'est le congrès de Sousse qui a été à l'origine de la relégation du bloc parlementaire de Nidaa Tounes de la première à la deuxième place au Parlement. Ce n'est pas peu. Tapage médiatique Ce n'est pas le tapage médiatique qui essaie de réduire la portée de l'échec de Sousse qui va convaincre les Tunisiens du contraire. La chaîne Nessma TV défend certes les nouveaux «nommés» à la tête de Nidaa Tounes, parce que leur patron Nabil Karoui en fait partie. Mais tout le monde, Béji Caïd Essebsi en premier, est convaincu que la tentative de ressouder le parti fut un échec. Le Président essaie donc de colmater les brèches. Pareille petite sortie du palais signifie que l'avenir de Ridha Belhaj sur la scène politique est compromis. Il est clair que le président Béji Caïd Essebsi le rend responsable du non-respect de la feuille de route consensuelle du congrès de Sousse. Le politologue Slaheddine Jourchi pense que «comme pour le limogeage de Ridha Belhaj, le Président réagira à froid pour Nidaa Tounes. Il va sûrement proposer une alternative de rassemblement de toutes les ailes fondatrices du parti». De là à dire que l'avenir politique de Ridha Belhaj est compromis, il n'y a qu'un pas que Jourchi n'a pas voulu franchir. «Non, BCE sanctionne mais accorde toujours de nouvelles chances à ses lieutenants», a-t-il conclu. La crise politique en Tunisie se poursuit.