Le ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville, Abdelmadjid Tebboune, ne cesse, à chacune de ses sorties médiatiques, de rassurer sur la détermination de l'Etat à poursuivre le programme de réalisation de logements sous ses différentes formules et cela, en dépit de la réduction drastique des ressources financières du pays due à l'effondrement du prix des hydrocarbures. N'importe quel Etat un tant soit peu sérieux au monde aurait naturellement opté pour une autre voie de la sagesse et de la prudence dictée par la conjoncture économique et financière difficile en marquant des pauses dans les programmes de développement et en fixant des priorités pour ne pas hypothéquer l'avenir du pays et des générations futures. Les voix de la raison qui ont mis en garde contre la politique démagogique du pouvoir mise à contribution pour pallier son manque de légitimité n'ont été écoutées ni avant la survenue de la crise ni aujourd'hui, où le gouvernement continue de privilégier les incantations politiques et l'appel au patriotisme des citoyens pour consommer algérien, relancer la production nationale. Le gouvernement est doublement piégé pour pouvoir trouver la sortie de ce long labyrinthe dans lequel est engouffré le pays. Il ne peut ni revenir sur le rôle social (populiste) de l'Etat ni même apporter un léger bémol aux coûteux programmes de transferts sociaux sans courir le risque d'une explosion sociale qui l'emportera fatalement. Ni faire démarrer la machine économique compte tenu des effets de la crise, alors que le pays a raté, avec l'embellie financière de ces dernières années, des opportunités historiques de le faire à cause de sa mauvaise gouvernance. Pour ne pas avoir donné l'exemple par une gestion rigoureuse de la dépense publique, illustrée par le train fastueux et dispendieux de l'Etat, pour avoir également laissé se développer une corruption à grande échelle à l'ombre des institutions de l'Etat, le gouvernement est confronté à un lourd handicap qui s'appelle le capital confiance. Un climat de méfiance, voire de défiance, s'est instauré entre le pouvoir et les citoyens ainsi qu'avec nos partenaires étrangers, qui ne voient pas le présent et les perspectives du pays avec les mêmes lunettes. Les citoyens ayant échappé au premier coup de semonce des augmentations ayant touché les carburants — et prochainement l'énergie et l'eau — parce que se déplaçant en transport en commun et ne pouvant pas se permettre le luxe de se faire couler un bain chaud, sont vite rattrapés par les augmentations clandestines qu'ils découvrent chaque jour en faisant leurs courses. La valse des étiquettes a touché même les produits de première nécessité sans que les pouvoirs publics bronchent. Les solutions de replâtrage décidées par le gouvernement pour restreindre les importations de manière volontariste, juste pour montrer que l'Etat est sur le pont pour affronter la tempête, ont montré leurs limites. Pour preuve, la destructuration du marché des matériaux de construction qui a connu une flambée des prix jamais enregistrée, provoquant un ralentissement, voire parfois une paralysie des chantiers de construction. D'autres secteurs pourraient en pâtir. Au rythme où vont les choses, ce n'est pas tant la question de savoir s'il y a un pilote dans l'avion Algérie qui inquiète aujourd'hui, mais celle de savoir par quel miracle le pays pourra se sortir de la tourmente dans laquelle il est pris. Et ce sont les experts qui l'affirment.