Située à plus de 800 m d'altitude, avec des pics de 980 m à Djebel Ouahch, la banlieue nord de la ville de Constantine aura vécu l'un des hivers les plus rigoureux depuis des années. Depuis dimanche dernier et malgré les efforts déployés par les services des travaux publics et ceux de la commune, avec des moyens qui restent très limités face à l'ampleur des chutes de neige, la situation dans plusieurs cités reste alarmante. Hormis la route principale de Djebel Ouahch, reliant la cité Emir Abdelkader à l'autoroute Est-Ouest, qui a été dégagée hier tôt dans la matinée et qui demeure encore difficile à traverser, tous les autres accès vers les cités de ce secteur de la ville sont restés fermés. A Sakiet Sidi Youcef, les Frères Abbes, Sarkina, Ziadia, Djebel Ouahch, Mansourah et à un degré moindre Sidi Mabrouk, les habitants sont restés coincés durant toute la matinée. Le même constat a été relevé à la nouvelle ville Ali Mendjeli, où il était pratiquement impossible de se déplacer, avec des voitures immobilisées par la neige qui a dépassé les 40 cm par endroits. Rares sont les transporteurs qui se sont aventurés dans ces lieux restés complètement déserts, alors que l'approvisionnement en lait a connu de sérieuses perturbations, en raison de l'éloignement des secteurs à couvrir par des distributeurs, qui affirmaient ne pas vouloir prendre de risques. De leur côté, de nombreux boulangers ont eu d'énormes difficultés à faire du pain, suite aux multiples coupures de courant enregistrées dans la nuit de lundi à mardi. D'ailleurs, les équipes de la Société de distribution de l'électricité et du gaz (SDE) avaient du pain sur la planche. On ne parlera pas des autres produits, comme les légumes, qui sont restés introuvables sur les étals durant deux jours. L'armée au secours des mechtas Comme chaque fois dans ce genre de situation, seuls les services de l'ANP sont mobilisés pour dégager les voies menant vers les mechtas les plus éloignées, où les populations ont vécu les pires épreuves durant ces trois derniers jours, notamment à Kef Lakehal, où les grands moyens ont été utilisés pour dégager la route. Les habitants de ces mechtas, qui ont désormais l'habitude de vivre cette situation depuis des années, n'ont cessé d'alerter les autorités de la wilaya pour trouver des solutions définitives à leur calvaire, mais en vain. Cette année, l'ANP a été appelée aussi à intervenir dans la commune de Ben Badis, où plusieurs mechtas ont été complètement isolées par la neige. Côté routes, le cauchemar des automobilistes s'est poursuivi hier au niveau de plusieurs axes, alors que sur le contournement de l'autoroute Est-Ouest, la circulation était encore très difficile. Le décor ne changera pas toutefois au centre-ville de Constantine, où le problème des avaloirs bouchés ou saturés a donné du fil à retordre aux agents de la Seaco et à ceux de la commune, avec tous les désagréments causés sur la voie publique. Il faut dire surtout qu'en dépit de toutes les expériences vécues par le passé, et les BMS annoncés déjà depuis plusieurs jours par les services de la météo, toutes les autorités de la wilaya ont montré leurs limites face à une situation dont elles n'avaient pas mesuré l'ampleur.