La sortie de Soufiane Djilali demandant au MSP de quitter l'Instance de concertation et de suivi de l'opposition (Icso) est sans doute l'acte politique le plus significatif de ces derniers mois. Une prise de position dont la clarté rassérène une opinion publique par ailleurs déboussolée par les soutiens en chœur à une survivance de l'ex-FIS, tardivement mais opportunément frappé d'interdiction de nuisance politique. La scène nationale est en train de révéler une évolution qui n'était pas prévue il y a moins d'un an : la mouvance islamiste accomplit les derniers arrangements dans l'optique d'accéder aux postes de commande du pays. L'engagement dans une opposition réclamant une transition démocratique apparaît de plus en plus comme une ruse de guerre pour anesthésier de larges pans de la classe politique dans le but de permettre l'accès au pouvoir à ceux «qui travaillent pour la gloire de leur religion et (qui sont) appelés à l'unité par la charia», comme l'a déclaré, mardi dernier, Abdallah Djaballah à un site électronique. Si un pied est déjà mis dans le pouvoir, il ne sert à rien de garder l'autre dans des structures de l'opposition qui, du reste, n'ont que très peu d'influence au sein de la société. Les débats sur la survie ou la disparition de l'Icso n'ont été que très faiblement suivis dans la société réelle, et il est parfois nécessaire de rappeler que la fermeture du bureau d'une section communale d'un parti politique a plus d'impact que la constitution ou la dissolution d'une instance dont le seul nom est pénible à transcrire. Longtemps suspecté de velléités de compromis avec le pouvoir en place, dans le souci commun et supposé de réduire le pouvoir militaire, le FFS vient d'apporter un éclairage en faveur de la décantation du paysage politique. «Notre participation électorale ne peut en aucun cas déboucher sur une participation au pouvoir», a déclaré un membre du présidium de ce parti lors de la dernière réunion des élus. C'est l'exact contraire des intentions des deux alliances islamistes nouvellement mises en place et qui multiplient les offres de rapprochement par médias interposés. «C'est une question de temps», appuie le même Djaballah qui reconstitue son mouvement originel désintégré avec beaucoup de doigté par la cellule de veille politique. La revanche est brutale et s'exprime à travers une démarche et une ingénierie politiques des plus élaborées. L'une des deux alliances a mis en place des commissions qui se subdivisent en sous-commissions devant se charger du protocole, du programme électoral, du discours politique et, bien entendu, de l'organisation et la logistique. En face, les partis du pouvoir se préparent à ne plus l'être et réduisent leur action à une sorte d'attraction-répulsion vis-à-vis de la «chkara». La référence au combat de Krim Belkacem et Hassiba Ben Bouali résonne comme une tentative de sortie honorable de la vie partisane pour réintégrer la mémoire collective. Quant aux alliances islamistes, dont la référence révolutionnaire s'arrête à la Déclaration du 1er Novembre et les principes islamiques, elles se posent désormais en partis de gouvernement.