Déjà vulnérables, les personnes âgées nécessitant de l'aide le sont plus à l'ère de l'austérité. Et la suppression, au nom de la rigueur budgétaire, de l'Allocation forfaitaire de solidarité (AFS) pour les personnes âgées figurant sur les listes d'attente, n'est pas pour arranger les choses. En effet, selon Khima Lyazid, président de l'Association d'aide aux personnes âgées, Er Rahma, les personnes figurant sur les listes d'attente des bénéficiaires de l'AFS n'ont pas le droit de bénéficier cette année des 3000 DA d'aide à la place des personnes décédées. L'argent retourne dans les caisses du ministère de la Solidarité, selon M. Khima, au lieu de servir, quand bien même dérisoirement, la bonne cause. Du coup, près de 5000 dossiers seraient en instance d'attribution de l'AFS, selon notre interlocuteur, qui explique que dans l'ancien plan d'attribution de l'AFS, l'allocation d'une personne décédée revient automatiquement de droit à une autre qu'on désigne sur la liste d'attente par ordre numérique. Au niveau de la direction de l'assistance sociale (DAS), nos tentatives d'infirmer ou de confirmer cette information auprès du directeur se sont avérées vaines. Pour avoir été pendant 27 ans auprès des personnes âgées de la wilaya de Béjaïa, l'association Er Rahma connaît bien la situation de précarité et de vulnérabilité de ces dernières. «Même dérisoire, cette allocation est utile. C'est vraiment un coup dur pour les personnes âgées. Sur le terrain on sent de plus en plus de difficultés à cause de l'austérité. Des gens, pas forcément âgés, nous sollicitent pour couvrir leurs soins médicaux», regrette le président d'Er Rahma. Les besoins des vieilles personnes sont grands et souvent spécifiques, mais leur prise en charge est défaillante. Les plus vulnérables d'entre elles sont celles vivant seules, alitées, sans retraite ou au revenu faible. Les progrès de la médecine, qui a apporté un gain de longévité substantiel aux humains, ne profitent souvent pas à ces personnes. Avec ses 60 adhérents bénévoles, dont deux infirmiers, l'association sait que seule l'intervention de l'Etat pourrait améliorer la condition des vieilles personnes en détresse. «On lance au ministère de la Solidarité la proposition de créer des sections d'aide et de soins médicaux afin d'aller au chevet des personnes âgées pour soulager leurs souffrances», suggère M. Khima. Il propose également qu'on ouvre des centres spécialisés en gériatrie. A ce propos, il convient de signaler que la wilaya de Béjaïa dispose d'un centre d'accueil pour personnes âgées seulement. «J'entends dire que 75% de la population algérienne sont jeunes. Mais ces jeunes seront bien vieux dans 20 ou 30 ans. Il leur faut du travail pour qu'ils assurent une bonne retraite et une sécurité sociale. Il faut aussi construire des centres pour leur garantir des soins convenables quand ils seront grabataires. Figurez-vous que dans les cas que nous suivons au sein de notre association, beaucoup ont atteint l'âge de la retraite sans jamais avoir eu la chance de travailler afin d'assurer leurs vieux jours», peste notre interlocuteur.