Le principal parti de l'opposition sud-africain, l'Alliance démocratique, a suspendu hier l'ancienne chef de ce parti, Helen Zille, qui avait provoqué une tempête sur les réseaux sociaux en mars pour avoir tweeté sur les aspects positifs du colonialisme. Le 16 mars, l'actuelle Premier ministre de la province du Cap occidental, Helen Zille, avait tweeté : «Pour ceux qui considèrent que l'héritage du colonialisme est seulement négatif, pensez à l'indépendance de la justice, au réseau de transports, à l'eau courante, etc.» «Est-ce que nous aurions ce niveau de soins spécialisés et de traitements sans l'influence coloniale ? Soyez honnêtes, s'il vous plaît», avait poursuivi cette politicienne sud-africaine blanche. Mme Zille s'était rapidement excusée, mais près d'un quart de siècle après la chute du régime blanc raciste de l'apartheid dans l'ancienne colonie britannique, ses messages avaient mis le feu à la Toile. Hier, le chef de la DA (libéraux), Mmusi Maimane, premier leader noir de la DA, a estimé que les tweets de Mme Zille ainsi que d'autres de ses déclarations publiques «en rapport avec la colonisation minent notre projet de réconciliation». «Les tweets initiaux de Mme Zille et ses justifications ultérieures ont porté atteinte à notre réputation au sein de l'opinion publique», a ajouté le responsable de 36 ans, qui a grandi dans le township de Soweto, au sud-ouest de Johannesburg. «Nos représentants doivent, en toutes circonstances, être attentifs à la colère légitime que les gens continuent d'éprouver à propos de leur passé et de son héritage», a-t-il renchéri. Lors des élections locales d'août 2016, la DA, qui a fait beaucoup d'efforts pour se débarrasser de son image de «parti blanc», a réussi, avec l'appui du parti de la gauche radicale, à arracher à l'ANC le contrôle de municipalités emblématiques, comme la capitale Pretoria ou Johannesburg. Elle espère confirmer ce succès lors des élections générales de 2019 et battre l'ANC de feu Nelson Mandela, parti qui dirige l'Afrique du Sud depuis 1994. L'ANC, le parti au pouvoir en Afrique du Sud, est aussi au plus mal. Sa direction a demandé vendredi au gouvernement des explications sur des milliers de courriels publiés dans la presse qui accusent, à nouveau, le président Jacob Zuma de corruption. Ces documents dévoilent des échanges confidentiels entre la puissante fratrie d'affaires Gupta, le fils du chef de l'Etat et plusieurs ministres, notamment autour de l'attribution de marchés publics ou de pots-de-vin. Depuis des mois, le président Zuma est fragilisé par une interminable série de scandales politico-financiers qui provoquent des remous au sein-même de l'ANC. «Ces articles contiennent des affirmations très inquiétantes sur la nature des relations entre le gouvernement et des intérêts privés», s'est alarmé vendredi le parti au pouvoir dans un communiqué. «L'ANC demande d'urgence au gouvernement de chercher à établir la véracité de ces affirmations et des explications de la part des personnes concernées», a-t-il poursuivi. Selon certains courriels, les Gupta auraient, par exemple, touché près de 370 millions d'euros lors de la signature d'un contrat entre la compagnie ferroviaire publique Trasnet et une entreprise chinoise pour l'achat de locomotives. D'autres évoquent la future retraite dorée du président Zuma dans une luxueuse demeure à Dubaï appartenant aux Gupta. Ces nouvelles révélations viennent nourrir le climat de suspicion autour de Jacob Zuma, dont les liens avec la famille Gupta avaient déjà été exposés dans un rapport explosif publié l'an dernier par la médiatrice de la République.