Deux milliers de migrants ont été évacués de la Porte de la Chapelle, à Paris, vendredi dernier. «La répétition de ces évacuations tourne à l'absurde», a critiqué devant les médias Pierre Henry, directeur général de ‘‘France terre d'asile''. Cette opération n'étant qu'une de plus, la 34e depuis juin 2015 à Paris, selon le calcul des associations qui viennent en aide aux migrants. La télévision a montré ces campements précaires. La maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo, a remis au gouvernement et aux groupes parlementaires une «proposition dans la perspective d'une loi d'orientation et de programmation pour l'accueil des migrants humanitaires et pour une politique nationale d'intégration». Pour elle, «Il faut agir vite (…). Cette crise va durer, alors mieux vaut l'organiser ensemble, tous partis politiques confondus, plutôt que laisser le chaos s'installer». L'élue souhaite en particulier une augmentation des moyens, c'est-à-dire notamment des places d'accueil dans les centres d'accueil des demandeurs d'asile (CADA). Quant au gouvernement, il plaiderait de son côté pour une nouvelle structure, une Agence de l'accueil et de l'intégration, sous la responsabilité d'un Haut-Commissaire placé auprès du Premier ministre. Les associations humanitaires pour leur part expriment leur désarroi : «Nous déplorons des atteintes alarmantes aux droits les plus élémentaires des personnes migrantes. Ces violations prennent une ampleur inédite, en particulier dans le Calaisis et le Dunkerquois, à la frontière italienne, ou dans le nord de Paris. Traque permanente, gazage, confiscation de biens, entraves diverses pour l'accès à l'eau, à la nourriture ou aux soins, privations illégales de liberté, refoulements illégaux… et répression inacceptable des citoyens solidaires. (…) Le tribunal de Lille a fait le minimum en enjoignant à l'Etat de permettre à ces personnes d'accéder aux distributions d'eau et de nourriture organisées par les associations et à des sanitaires.» Les sept présidents signataires (Cimade, Secours catholique, CCFD-Terre Solidaire, ATD Quart-Monde, Médecins du Monde France, Emmaüs France, Secours islamique France) déplorent aussi «l'enfermement en rétention de familles avec enfants, alors même que la France a déjà été condamnée à cinq reprises par la Cour européenne des droits de l'homme pour ces pratiques jugées ‘‘dégradantes''». Ils estiment que «des actes d'humanité, de justice et de droit sont attendus maintenant. Ils sont attendus par les personnes réfugiées et migrantes, qui font partie de cette France plurielle qui s'invente à chaque génération. Ils sont attendus par les citoyens qui s'engagent dans la construction d'une société plus solidaire qui n'oppose pas les uns aux autres ».