Les autocars de l'APC d'Aïn El Hammam, à cinquante kilomètres au sud-est de Tizi Ouzou, affectés au ramassage scolaire, n'attirent plus les élèves, comme il y a quelques années. Les bousculades pour trouver une place le matin ou à la sortie des classes ne sont plus de mise. Pendant que le bus, moteur ronflant, attend ses usagers, sur les trottoirs d'en face, les lycéens semblent ignorer sa présence, ou ses coups de klaxon annonçant un départ imminent. Une bonne partie des banquettes est vide. En fin de journée, il entame sa tournée du retour comme lors de son voyage du matin avec les habitués, assis sagement par ci et par là, tablettes ou téléphone portable à la main. Le bus ne se remplira qu'en temps de froid et de pluie. Pendant ce temps, les chauffeurs de fourgon, à l'affût de ce mouvement, prennent place, prêts à démarrer en trombe, pour les villages d'Aït Aïlem, Aourir, Tillilit et autres. Ils sont vite remplis et se dépêchent pour revenir prendre ceux qui les attendront pendant plus d'une demi-heure. C'est dans les fourgons de transport, plus confortables que les bus, que les potaches aiment voyager, moyennant trente dinars la place. Soixante dinars par jour, parfois plus, pour certaines destinations, ne semblent pas les rebuter. Qu'importe, le vieux bus n'offre pas les mêmes commodités. Et puis, le matin, «il n'est pas question de prendre le bus qui vient de très bonne heure. Un quart d'heure de sommeil en plus, ce n'est pas rien», nous explique un jeune collégien lève-tard, qui ne s'inquiète pas d'arriver en retard. Ceux dont les parents possèdent des véhicules sont déjà rentrés chez eux. La voiture familiale les attend devant le lycée Mustapha Ben Boulaïd ou le collège d'Ouaghzen, avant la sonnerie. Plusieurs propriétaires de camionnettes bâchées passent, avec une quinzaine de camarades de leur enfant, massés à l'arrière, dans une ambiance bon enfant. Il faut noter que des élèves de certains villages n'ont jamais bénéficié de ramassage scolaire. Tout comme beaucoup de leurs camarades des autres hameaux, ils s'exercent à la marche à pied.