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«Il faut une direction politique valide et légitime»
Maâmar Benguerba. Ancien ministre du Travail et des Affaires sociales
Publié dans El Watan le 09 - 10 - 2017

Expert des questions énergétiques, riche de sa double expérience au gouvernement et au Parlement, Maâmar Benguerba, qui a très tôt alerté sur les inégalités dont souffrent les régions du Sud, ne cache pas son inquiétude quant aux «risques de graves dérapages que pourrait enclencher dans cette partie du territoire l'exploitation des gaz de schiste». «Le système algérien produit des hommes politiques par décret comme il imprime les billets de banque», commente-t-il.
- Que retenez-vous du projet de loi de finances 2018 qui vient d'être adopté par le Conseil des ministres ?
Sincèrement, je n'ai pas lu le texte du projet de la loi des finances. Et du reste, par respect pour les institutions, je pense qu'il n'est pas pertinent de commenter un projet. L'on pourrait y revenir une fois qu'il sera adopté par le Parlement et promulgué.
- Vous avez alerté sur le risque des désordres sociaux qui menacent le sud du pays du fait de sa marginalisation dans le plan de développement national. Vos craintes sont-elles toujours aussi fortes ?
Il est probable que le sud du pays comme les régions montagneuses et enclavées sera plus durement touché par les mesures budgétaires et fiscales préconisées par les pouvoirs publics. Le débat porte aujourd'hui sur les équilibres financiers et économiques globaux ; une fois les détails connus, on pourra apprécier précisément l'ampleur de l'impact régional.
Néanmoins, on peut déjà supposer que les mécontentements émis par la société sudiste, depuis quelque temps déjà, iront sûrement en s'amplifiant.
Parmi les facteurs importants, il y a, bien sûr, l'accroissement du chômage, mais le déclenchement rapide surviendra en conséquence de l'augmentation envisagée des prix des carburants. Le Sud se caractérise par les longues distances à parcourir pour des raisons sociales ou économiques et naturellement la mobilité, facteur d'intégration nationale et de développement par excellence, sera durement affectée.
- Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a remis sur le tapis le dossier du gaz de schiste en dépit du mouvement de contestation que ce projet a soulevé dans les régions concernées. Comment avez-vous trouvé ses arguments pour défendre ce projet ?
Le Premier ministre, conforté par les déclarations de l'actuel ministre de l'Energie, utilise la question de l'exploitation des gaz de schiste pour trois raisons, me semble-t-il : premièrement comme un écran de fumée en provoquant un débat pour détourner l'attention de l'opinion publique nationale des questions économiques et sociales qui exigent une solution urgente ; deuxièmement, faire vite oublier les menaçantes discussions et réflexions populaires sur le rapport de l'argent avec la politique, et troisièmement pour marquer sa fidélité et sa disponibilité en reprenant le fil de la politique énergétique menée avec l'ancien ministre du secteur au milieu des années 2000 et déjà engagée dans le secteur par la présence à la tête des organismes-clefs des hommes acquis à la cause.
Mais tous ceux qui sont au pouvoir savent que l'exploitation des gaz de schiste ne pourrait être économiquement significative au mieux que dans 8 à 10 ans alors que l'équilibre au sein du système de pouvoir exige, aujourd'hui, une gestion quotidienne pour sa survie. Le temps est un féroce adversaire. L'initiative du Premier ministre ignore aussi délibérément les risques des graves dérapages que sa déclaration pourrait enclencher dans le Sud. Les populations se sentiraient déconsidérées, amoindries, méprisées et offensées.
La seule issue qui leur apparaîtrait valable serait alors l'exigence d'un référendum, périlleux, dans la région sudiste, pour ou contre l'exploitation d'une matière qui porterait atteinte à l'intégrité physique de leurs membres et à leurs espaces de vie. Une voie royale pour l'internationalisation d'une question éminemment nationale. Est-ce ce qui est recherché ? Des intérêts privés nationaux, adossés à des lobbies internationaux, argumentent l'impératif de sécurité énergétique du pays à long terme. Pourquoi n'ont-ils pas diminué, au début des années 2000, la production des hydrocarbures ?
Le gaz de schiste n'était pas encore un élément consistant du marché de l'énergie et les supposées réserves nationales étaient inconnues. Il y a aussi les conséquences probables de la pollution des eaux souterraines pour les populations du Nord du pays à travers les transferts envisagés. Il convient aussi, à ce propos, de s'intéresser de très près aux pratiques des cultures des grandes concessions des terres agricoles accordées, bizarrement, à l'affleurement de la nappe albienne à Adrar, Timimoun et El Bayadh entre autres.
- Vous êtes de ceux qui ont mis en garde contre l'impasse dans laquelle s'acheminait le pays du fait des mauvais choix économiques et de la mauvaise gouvernance. Comment en est-on arrivé là et comment en sortir ?
La réponse est dans votre question. L'inadaptation de la gouvernance et les mauvais choix économiques qui en ont découlé.
- Le programme d'action du gouvernement apporte-t-il les réponses à la grave crise qui secoue le pays ?
Il l'accroît plus qu'il ne la soulage.
- Le recours à la planche à billets est présenté par le gouvernement comme la clé pour faire face aux difficultés de financement auxquelles est confronté le pays. Pensez-vous, comme le Premier ministre, que c'est un passage obligé ou bien y a-t-il d'autres voies moins risquées à explorer ?
Il aurait fallu qu'il explique les raisons qui ont fait que le pays en soit arrivé à cette situation. Il n'y a pas très longtemps, il déclarait, en chœur avec l'un de ses prédécesseurs, que le pays ferait partie des pays émergents dans quelques courtes années ? Aujourd'hui, il le déclare en faillite et proclame que la seule solution est la mise en œuvre de la planche à billets pour payer les serviteurs de l'Etat.
Quel gâchis ! Sans rentrer dans des considérations techniques largement explicitées par d'éminents experts nationaux dans la presse, il faut retenir que c'est une punition qu'il inflige à la population.
Dette interne du Trésor que représente l'impression de monnaie sans contrepartie productive, ou dette extérieure porteuse de conditionnalités draconiennes, pour le quotidien du citoyen cela ne changera rien. La réduction de ses moyens de subsistance sera sévère et sans garantie d'une meilleure situation dans l'avenir.
Ceux qui n'ont pas su gérer le pays avec des revenus qu'ils ne retrouveront pas de sitôt ne pourront pas montrer plus de compétence et d'efficacité avec des revenus sensiblement amoindris. Pour suggérer une solution adéquate, il faudrait disposer d'informations fiables sur l'état du pays. Les données communiquées officiellement ne le sont pas ou ne le sont que partiellement. Quand il n'y a pas omission.
- Quelles sont, selon vous, les grandes réformes politiques et économiques à entreprendre pour mettre le pays sur la voie du progrès et de la démocratie ?
Quelles que soient les réformes que l'on peut retenir, il restera que la culture et le comportement des hommes politiques seront déterminants. Le système produit des hommes politiques par décret comme il imprime les billets de banque. Leur valeur est souvent intimement corrélée. De bons commis de l'Etat, ils se transforment en médiocres serviteurs du système de pouvoir. Le pays a besoin de retrouver une ambition à la hauteur de ses potentialités et de son histoire.
Il perd quotidiennement sa meilleure substance humaine qui vogue vers d'autres rivages. Il faut disposer rapidement d'une direction politique valide et légitime. Ce n'est qu'alors qu'il sera approprié de discuter des réformes à engager. Il sera possible de les appliquer et de les ajuster aux conditions réelles. Dans cette optique, le Sud représente un gigantesque atout pour le pays pour coller aux nouvelles données géostratégiques.


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