La focalisation du débat national sur l'échéance présidentielle de 2019, en plus de poser l'hypothèse improbable d'un 5e mandat vu l'état de santé du chef de l'Etat, est en train de voiler la perspective des élections locales qui vont se tenir dans un mois et demi. Le scrutin du 23 novembre prochain a pourtant une importance cruciale dans la vie des citoyens qui comprennent depuis quelques semaines que l'Etat-providence a vécu et que les possibilités de faire face à des lendemains difficiles dépendront des initiatives locales. Le système qui a régenté la vie nationale depuis des décennies est arrivé à son terme, de même que le personnel politique qui avait siégé dans ce même système et qui adhère aujourd'hui à l'idée du changement. Les personnalités nationales qui ont multiplié les appels pour dépasser l'ordre actuel peuvent aider à la mise sur la voie de garage d'un pouvoir qui a échoué sur tous les plans, mais elles ne peuvent pas apporter une assistance significative dans la définition des nouvelles perspectives de développement et de rénovation politique, dès lors que les modes de réflexion et d'action hérités du système en place sont indépassables. L'apport du citoyen anonyme est plus déterminant, pas seulement dans les révolutions, mais aussi dans la construction pacifique d'un destin national. Si toutes les «dynamiques» de changement lancées ces dernières années n'ont pas fait évoluer le «rapport des forces», c'est parce que le citoyen a été le grand absent. Il peut être réhabilité à l'occasion des prochaines élections locales, par lesquelles il peut véritablement prendre en main son destin. Si la stabilité politique d'un pays dépend du développement économique et social, celui-ci ne peut être construit qu'à partir de la base. De nombreuses expériences citoyennes ont montré, à travers le pays, que la population, à l'échelle villageoise ou d'un quartier d'une ville, peut dépasser l'inertie des autorités dans la prise en charge des problèmes rencontrés dans tous les secteurs de la vie locale. L'importance des prochaines élections communales et de wilaya n'est pas suffisamment mise en exergue dans le débat national, dominé par des attaques réitérées contre le Premier ministre soupçonné de nourrir une ambition pour 2019 ou contre le clan présidentiel auquel on prête l'intention de préparer un 5e mandat. Le renouvellement peut intervenir à partir d'une simple assemblée communale et plus avantageusement de l'assemblée de wilaya, avec une réelle capacité d'évolution dans les conditions de vie des populations, donc des perspectives politiques du pays. Le pouvoir en place ne fait rien pour promouvoir l'échéance de novembre prochain, consacrant toute son énergie dans l'explication de son plan anticrise financière. Seule la ministre de l'Education nationale a apporté sa contribution en adressant aux chefs d'établissement une circulaire pour «l'organisation des élections de délégués de classe». Une approche pédagogique qui est particulièrement la bienvenue dans ce climat de crispation qui est le contraire du débat démocratique. L'initiative du département de Mme Benghabrit ambitionne d'«inculquer les principes de dialogue constructif, d'échange de vues et de respect du principe de la majorité». Tout ce qui a manqué dans la vie nationale, ces dernières années.