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Le gouvernement sans stratégie ni données fiables
L'université du FCE a mis à nu la gouvernance économique du pays
Publié dans El Watan le 23 - 10 - 2017

S'il y a un message à retenir de la sortie du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, à l'occasion de l'université du forum des chefs d'entreprise (FCE), tenue la semaine dernière au Palais des expositions des Pins maritimes, c'est bien l'absence d'une vision économique à long terme. Ouyahia l'a bien reconnu en présence des membres de son équipe chargés des portefeuilles économiques et de la diplomatie, ainsi que d'anciens ministres venus nombreux assister à cette rencontre pour sa troisième édition sous le thème «L'entreprise, c'est maintenant».
Une rencontre qui intervient dans une conjoncture économique des plus complexes, avec les difficultés financières que traverse le pays. A une année de la fin du quatrième mandat de Abdelaziz Bouteflika, tour à tour, les intervenants, à leur tête Ahmed Ouyahia, ont fait une esquisse de la situation économique du pays mais sans avoir de données claires.
Tout simplement, par ce que le gouvernement n'a pas de stratégie ni de données, que ce soit sur le secteur privé ou public. Une lacune qui renseigne sur la manière aléatoire dont est gérée l'économie nationale à travers tous ses secteurs. Sinon comment expliquer les déclarations d'Ouyahia et celle du ministre de l'Industrie, Youcef Yousfi, un camp acquis au pouvoir politiquement.
Le successeur de Tebboune l'a bien dit : «Notre plaisir d'être avec vous ici se renforce du fait que nous sommes politiquement dans le même camp, le camp de l'Algérie, le camp de ceux qui respectent les institutions de l'Etat, à leur tête le président Abdelaziz Bouteflika.» C'est à ce camp que le Premier ministre s'est adressé pour lui demander de voler au secours de l'économie nationale. «Aidez-nous, nous allons vous aider.»
Ce sont les termes utilisés devant les membres du FCE par Ouyahia, qui a mis l'entreprise privée au centre de son intervention, rappelant tous les avantages accordés aux opérateurs privés depuis l'arrivée de Bouteflika à la tête du pouvoir. Des avantages et des largesses qui n'ont pas joué en faveur du développement économique et que le gouvernement en place veut rattraper en demandant un retour sur l'investissement. «Nous sommes l'un des rares pays au monde à accorder d'importants avantages fiscaux aux investisseurs qui peuvent même atteindre 15 années entre la réalisation et l'exploitation dans les régions du Sud et des Hauts-Plateaux…
Nous sommes le seul pays au monde à maintenir délibérément les taux d'intérêt en-dessous du taux d'inflation et même à les bonifier de moitié au profit de l'investissement», énumérera Ouyahia, comme exemple. Une manière de rappeler que les pouvoirs publics ont beaucoup donné au privé sans recevoir de contrepartie, ce que recherchent aujourd'hui les responsables en place en cette période de crise, qui ont tenu à rappeler que le privé a été fortement impacté par la crise. Comment ? Par ce que ce dernier ne vit pratiquement que de la commande publique.
Absence d'une cartographie économique
«Les entreprises ont ressenti l'impact de ce choc financier à travers la baisse des investissements publics ou les retards dans les paiements des entreprises ayant fourni des prestations à l'Etat et ses démembrements, ainsi que la baisse de la disponibilité du crédit bancaire au profit des projets d'investissements», a souligné Ouyahia, avant de détailler ce qui est réellement attendu de l'oligarchie. Des attentes résumées en sept points essentiels. A commencer par l'établissement d'une cartographie économique. Plus de cinquante-cinq ans après l'indépendance et avec tous les programmes de développement qui se sont succédé, notamment depuis 2000, l'Etat ne dispose pas d'une carte économique du pays. Le privé est invité dans ce cadre à aider le gouvernement à mettre en place cette carte.
«Nous vous demandons de nous aider à bien connaître la production nationale pour savoir avec exactitude les domaines dans laquelle elle couvre la demande locale et de travailler en collaboration avec nos administrations, notamment locales, à l'établissement d'une carte économique wilaya par wilaya, afin d'identifier les opportunités d'investissement ainsi que les créneaux saturés», a demandé Ouyahia au FCE, avant d'être relayé au troisième jour de cette manifestation par le ministre de l'Industrie, Youcef Yousfi, qui reconnaîtra : «On a quelques informations sur le secteur public, mais aucune sur le secteur privé et sans informations, on ne peut pas faire de prévisions. Je vous invite à coopérer avec nous.» C'est ainsi que se résume l'appel de Yousfi, qui ajoutera : «D'ici la fin de l'année, nous aurons des données sur le privé, la consommation et l'importation.» Mais plus grave encore, lorsqu'il demande aux entrepreneurs privés de leur envoyer les bilans de fin d'année de leurs entreprises pour exploiter les données, tout en leur promettant de ne pas les divulguer au fisc !
Mais est-ce possible de faire en deux mois ce qu'on a raté tout au long de ces dernières années ? La question reste posée au même titre que d'autres. Que font les Chambres de commerce et d'industrie locales ? Que font les directions régionales et bien d'autres structures qui consomment annuellement d'importants budgets. Youcef Yousfi n'a pas manqué d'ailleurs de rappeler que la CACI a entrepris un travail dans ce cadre sans aboutissement. «Rien n'a été fait. Nous n'avons aucun élément de mesure pour nous lancer dans l'industrie». Pour sa part, Ouyahia explique cette absence de données par les réticences du privé vis-à-vis de l'administration. Encore un aveu d'échec quant à la prédominance des lenteurs bureaucratiques et aux lacunes dans le système de gouvernance. Cela pour rappeler le retard accusé dans les réformes.
Attentes en série
Les autres attentes du privé concernent la réalisation, la réhabilitation et la gestion des zones industrielles à mettre sous l'autorité des opérateurs, l'investissement dans les chaînes de distribution locales et de la distribution nationale, l'investissement dans l'exportation, la participation à la formation d'une main-d'œuvre qualifiée et enfin la recherche / développement en entreprises pour améliorer la qualité des produits et des prestations.
Autant de chantiers que le privé est appelé à mettre en œuvre en concertation avec l'Etat, décidé à ouvrir ces créneaux aux opérateurs privés. Il reste à savoir si ces derniers mettront le paquet dans ce cadre ? Pas sûr eu égard aux nombreuses préoccupations soumises (foncier, gestion des zones, taxe sur l'activité professionnelle, les crédits bancaires…) au gouvernement lors des débats et auxquelles les membres du gouvernement qui se sont succédé pour prendre la parole ont répondu par des engagements (mise en place de la banque fiscale, développement de la finance islamique…) rappelant les mesures contenues dans le projet de loi de finances 2018 et le plan d'action du gouvernement, mais aussi par des constats loin d'être reluisants. On aura, en effet, retenu de cette rencontre le discours réaliste du gouvernement devant des hommes d'affaires encore avides d'incitations et de garanties.
«Dans nos traditions, nous n'avons pas de garanties à l'exportation», relèvera justement le représentant de Stream System, qui annoncera dans ce sillage une opération d'exportation de produits LG fabriqués en Algérie dès 2018. Pour sa part, le directeur commercial d'Euro Japan, une entreprise versée dans la construction métallique légère, attend plus de signes de la part des pouvoirs publics. «Qu'on nous fasse confiance et qu'on allège les procédures administratives», nous dira-t-il. Djamel Azzoug, délégué du FCE à Béjaïa résumera quant à lui les interrogations sur le rôle attendu réellement du secteur privé dans la stratégie industrielle que Yousfi a pris le soin de détailler. Là est toute la question. Une question à laquelle le président du FCE, Ali Haddad, a répondu avec confiance :
«Nous pouvons aller de l'avant et accomplir encore plus d'actions. Nous pouvons nous engager sereinement dans l'organisation d'autres événements d'envergure nationale et internationale qui auront un retentissement sur l'image de notre association et grâce auxquels on influera qualitativement sur l'environnement de l'entreprise», a-t-il noté, mettant en exergue la capacité de l'organisation patronale à apporter son appui dans l'édification d'une économie productive.
Ce qu'il a tenu à relever à la clôture des travaux le 21 octobre dernier. Et de conclure en réponse à l'ancien Premier ministre Abdelmadjid Tebboune : «Nous avons été accusés d'être des prédateurs, nous sommes des bâtisseurs, des chefs d'entreprise et des pères de famille, nous travaillons dur et du matin au soir pour construire et relancer l'économie.» Pour quels résultats ? Encore une question à débattre surtout en matière de création d'emplois.


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