Agacement, controverse et polémique ont accompagné cette visite « interminable » (elle a commencé lundi et s'est achevée hier) du dirigeant libyen « aux caprices de star et aux déclarations délirantes » (Libération). Paris. De notre bureau A gauche et au centre, les critiques se sont élevées contre la « diplomatie du carnet de chèques » de Nicolas Sarkozy. Le président Nicolas Sarkozy « compromet (...) tous les repères de ce qui faisait notre politique étrangère », estime le président du Mouvement démocrate (MoDem), François Bayrou. La politique étrangère du chef de l'Etat « semble n'avoir qu'une ligne directrice : nous mettre bien avec tous les puissants et les riches qui peuplent l'univers », lance M. Bayrou. Selon l'ancien candidat à l'élection présidentielle, Nicolas Sarkozy « compromet, un à un, tous les repères de ce qui faisait notre politique étrangère. » Pour la socialiste Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy est « tombé dans le piège d'un dirigeant dictateur qui n'a aucun scrupule. » Des critiques qui ont contraint Nicolas Sarkozy, le Premier ministre et le chef de la diplomatie, notamment à justifier l'intérêt de cette visite et à s'expliquer. « Il ne s'agit pas d'une visite d'Etat », a souligné Nicolas Sarkozy dans un entretien au Nouvel Observateur. Et « je lui ai parlé de tout, y compris des droits de l'homme. » Maâmar El Kadhafi, dans une interview à France 2, avait soutenu le contraire. « Je reconnais parfaitement qu'on puisse être en désaccord avec ma politique », mais « la stratégie qui est la mienne consiste à aller chercher l'autre et à l'obliger à discuter, à s'engager concrètement », a expliqué Nicolas Sarkozy. Au siège de l'Unesco, Maâmar El Kadhafi avait lancé aux pays occidentaux, et en particulier à la France : « avant de parler des droits de l'homme, il faut vérifier que les immigrés bénéficient chez vous de ces droits. » M. Kadhafi s'est dit, mercredi soir, « rassuré » sur ce sujet par son « ami Sarkozy », à qui il a demandé de « bien traiter la communauté africaine » vivant en France. M. Sarkozy a expliqué « qu'il ne fallait pas craindre la police française », a affirmé le dirigeant libyen. Près de la moitié des 10 milliards d'euros de contrats évoqués correspond au mémorandum en matière d'armement signé lundi, qui prévoit une clause de négociation exclusive entre les deux Etats jusqu'au 1er juillet 2008. La France espère notamment vendre 14 Rafale à Tripoli, mais la vente n'est pas conclue. Devant plusieurs dizaines de patrons français, M. Kadhafi a comparé son pays à « une mer de pétrole et un réservoir de gaz qui jouit de la stabilité » politique. A ces chefs d'entreprises, El Kadhafi a expliqué sans détour que la normalisation des relations politiques avec la France avait pour contrepartie la signature de contrats et des marchés ouverts pour les entreprises françaises.