Le temps n'est plus au discours subtil de la diplomatie. Le drame de la faim dans le monde a fait dire au directeur général de la FAO que si le monde a dépensé 1200 milliards de dollars pour l'armement en 2006, il pouvait en dégager 30 milliards par an pour relancer l'agriculture de la planète et sauver une partie des 862 millions de mal-nourris, autrement condamnés à une lente agonie. Rome. De notre correspondante Si nous ne prenons pas, rapidement, les décisions courageuses qui s'imposent dans les circonstances actuelles, les mesures restrictives prises par les pays producteurs pour faire face aux besoins de leurs populations, l'impact du changement climatique et la spéculation sur les marchés à terme vont placer le monde dans une situation dangereuse. » En annonçant a priori l'enjeu de ce sommet mondial sur la sécurité alimentaire qui s'est ouvert hier dans la capitale italienne, Jacques Diouf a exprimé la préoccupation des gouvernements des pays pauvres qui craignent que la hausse vertigineuse des prix des denrées alimentaires puisse compromettre leur stabilité politique. Pour sa part, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki- moon, a invité les gouvernements à agir rapidement pour contenir les conséquences dramatiques dues à la crise alimentaire qui frappe les pays les plus défavorisés. Intervenant lors de l'ouverture du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement qui se déroule jusqu'au 5 juin, le responsable de l'Onu s'est dit contre les politiques d'assistanat, tout comme il a rejeté le protectionnisme dont plusieurs Etats riches se font les farouches défenseurs. L'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture des Nations unies avait lancé un appel, avant la tenue de cette rencontre de haut niveau, pour mobiliser les décideurs et recueillir plus de 750 millions de dollars nécessaires pour débloquer une aide d'urgence au profit des populations les plus démunies, et pas moins de 30 milliards de dollars par an pour relancer l'agriculture. La récente flambée des prix des denrées alimentaires a ultérieurement aggravé la situation de malnutrition dont souffrent plus de 862 millions de personnes à travers le monde. Le pape Benoît XVI a, lui aussi, condamné l'indifférence des pays riches face au calvaire des mal-nourris dans le monde, et dans un message lu par le cardinale Tarcisio Bertone, le chef de l'Eglise catholique, a estimé que la faim était « inacceptable dans un monde qui regorge de ressources ». Le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, en hôte de la trentaine de chefs d'Etat et de gouvernement présents au sommet, a affirmé que « le temps était venu pour agir et abandonner les discours ». Le directeur général de la Fao, Jacques Diouf, a dénoncé le choix de certains pays de dépenser plus pour l'armement que pour développer l'agriculture et améliorer le niveau de nutrition de leurs populations. En 2006, le monde a déboursé 1200 milliards de dollars pour l'armement. Autre chiffre qui suscite l'indignation, la valeur des déchets alimentaires des pays riches estimée à 100 milliards de dollars, ces mêmes pays où l'obésité est devenue un problème de santé publique.
